L'Algérie n'est pas à l'abri d'un nouveau pic de contaminations au vu de la baisse de vigilance des citoyens et du non-respect des gestes barrières. Commentant les derniers chiffres des contaminations par le coronavirus qui ont connu une relative augmentation au courant de cette semaine, Pr Saleh Lellou, chef du service de pneumologie de l'EHU 1er-Novembre d'Oran, a indiqué qu'ils ne sont pas excessifs. "Ces chiffres, en dents de scie, ne sont pas encore inquiétants et on ne peut pas affirmer qu'on est dans une tendance haussière", explique-t-il, ajoutant qu'il faut attendre encore quelques jours avant de se prononcer. "Pour moi, le plus important ne réside pas dans les chiffres des PCR positifs, ce sont les malades hospitalisés, ceux qui sont dans les unités de soins intensifs, ainsi que les décès qui m'intéressent, et ces chiffres diminuent sinon, ils n'ont pas augmenté", précise le professeur. Il estime, néanmoins, que le pays n'est toujours pas à l'abri d'une troisième vague avec la baisse de vigilance des citoyens et le recul évident du respect des gestes barrières et du port de la bavette. "Il faut attendre encore deux ou trois semaines pour se prononcer sur cette question", dit-il, tout en rappelant le principe de décalage qui existe entre nous et les pays qui ont connu des pics très importants. "Souvenez-vous de la première vague qui avait commencé en février chez eux avant d'arriver un peu plus d'un mois plus tard chez nous", précise notre interlocuteur. Même s'il s'attend au pire, le chef de service pneumologie reste optimisme en affirmant qu'il faut attendre encore avant de voir comment évoluera la situation. "Je pense qu'avec l'été qui arrive, le virus devra devenir comme tous les autres virus, c'est-à-dire saisonnier. Il faudra faire des vaccins chaque année et des rappels et apprendre à vivre avec ce virus", ajoute-t-il, en expliquant que "même à l'étranger, on commence à parler d'une troisième dose de vaccin Pfizer pour les différents variants de la Covid. Les vaccins seront produits en fonction des virus qui circulent avec ses différents variants dont une centaine qui existe, en plus des plus connus, à savoir l'anglais, le nigérian ou le brésilien". À ce propos, il remarque deux tendances qui se dégagent chez les Algériens, ceux qui veulent se faire vacciner et ceux qui émettent des doutes sur cette opération. "Il n'y a pas suffisamment de vaccins, il nous faut au moins 40 millions de doses. Or, on en a reçu moins d'un million, et même si tout le monde voulait se faire vacciner, il n'y aurait pas la quantité voulue. S'il y avait suffisamment de vaccins, on pourrait convaincre les gens d'aller se faire vacciner", constate-il. Le Pr Lellou évoque également cette idée de fausse sécurité qui se répand parmi la population qui parle de plus en plus d'immunité collective."Ils pensent qu'ils sont protégés, d'où cette question sur la nécessité de se faire vacciner." Notre interlocuteur est catégorique à ce sujet en affirmant ne pas croire à cette hypothèse, parce qu'elle suppose qu'il y a eu des cas graves et qu'on a enregistré beaucoup de décès avant d'arriver à l'immunité collective, et ce n'est pas le cas. "Il faut faire une enquête de sérologie sur un échantillonnage important pour voir combien de gens sont positifs et mesurer le degré d'immunité collective", soutient-il en se référant aux dernières enquêtes réalisées à propos de cette question. "Il y a eu de petites enquêtes qui ne sont pas très significatives", indique le Pr Lellou, en estimant que les 35,6 de contaminés à Oran, résultat d'une enquête menée sur la prévalence du coronavirus, n'est pas un chiffre qui assure une immunité collective. "Il faut voir les critères en jeu, leur fiabilité, les tests utilisés, parce qu'il existe des tests sur une goutte de sang, et moi, je pense qu'il faut des tests plus fiables, immuno-électrophorèse, pour vraiment dire s'il y a une positivité du cas ou pas", considère-t-il. Son avis rejoint celui du directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, le Pr Kamel Sanhadji, qui, lui aussi, n'était pas convaincu de l'explication donnée par plusieurs spécialistes à la stabilité de l'épidémie de coronavirus en Algérie par l'immunité collective.