Le jeûne n'a pas dissuadé la population de Kherrata à participer massivement, hier, à leur marche hebdomadaire. Pour réussir son pari, malgré les contraintes liées au Ramadhan, les activistes du Hirak local ont usé d'une stratégie qui s'est révélée payante. En effet, afin de permettre aux citoyens, pour les uns, de faire leurs approvisionnements aux marchés, et, pour d'autres, particulièrement les veilleurs des nuits Ramadanesques, de faire la grasse matinée, les organisateurs ont décidé de décaler l'horaire du coup d'envoi de la marche. Habituellement fixée à 10h, la marche a été programmée cette fois-ci à partir de 15h. Ainsi, la population de la région aura toute la latitude de participer en nombre à la manifestation du Hirak dont l'itinéraire demeure lui inchangé. Toujours le même que celui de toutes les précédentes marches des samedis dans cette ville. Seulement, la manifestation a eu lieu avant l'heure initialement prévue par le Hirak. En effet, dès 12h30, sous un ciel maussade, les manifestants commençaient à converger, comme d'habitude, vers la place du 16-Février, point de départ traditionnel de la marche. Beaucoup de citoyens, venus des villes de la wilaya limitrophe, Sétif, et des localités lointaines de Béjaïa, et ignorant le décalage horaire de la marche à 15h, ne pouvaient pas trop attendre d'autant plus que c'est le Ramadhan. Devant cet imprévu, il a été décidé d'entamer la manifestation dès 12h30. Brandissant le drapeau national et l'emblème amazigh, ainsi que des banderoles et des pancartes sur lesquelles ont été transcrits des slogans phare du mouvement populaire du 22 Février 2019, la foule s'est ébranlée depuis la place du 16-Février jusqu'au siège de l'APC de Kherrata, point de chute habituel des marches du Hirak. Tout au long de l'itinéraire de la marche, les manifestants n'ont cessé de réitérer les revendications chères à leur mouvement en scandant "Libérez les otages" (détenus), "Etat civil et non militaire", "Ulac lvot ulac" (pas de vote), "Presse libre et justice indépendante", "Mazal mazal le Hirak" (le Hirak est toujours là), "Annalhu annalhu, alamma yeghli udabu" (on marchera jusqu'à la chute du pouvoir), etc. Devant le siège de la mairie de Kherrata, les manifestants ont observé momentanément un rassemblement en reprenant les mêmes slogans avant de se disperser dans le calme. L. OUBIRA