Déterminé à montrer au monde et à ses détracteurs que l'intervention militaire américaine en Irak est loin de constituer une erreur, le patron de la Maison-Blanche compte beaucoup sur cette étape pour conforter sa position vis-à-vis de l'opinion publique. Sa cote de popularité étant au plus bas depuis sa réélection, George Bush mise énormément sur ce référendum pour redorer son blason. Bien qu'officiellement le président américain ne souhaite pas retirer son armada d'Irak, il n'en demeure pas moins que les conséquences des cyclones Rita et Katrina ont révélé les besoins de ces troupes pour un usage interne, d'où la nécessité de penser rapidement à la possibilité d'entamer dans des délais raisonnables un retour at home. Le début du retrait des troupes américaines n'est pas pour bientôt, car le Pentagone a reconnu récemment qu'il n'y avait qu'un seul bataillon irakien, environ 700 hommes, capable de combattre de manière autonome sans le soutien des troupes américaines, contre trois en juin. Pour pallier cette insuffisance, les Américains se sont beaucoup impliqués ces derniers temps dans divers domaines en Irak, notamment dans la rédaction du projet de Constitution qui avait accusé un sérieux retard. Zalmay Khalilzad, l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, n'a pas hésité à proposer des versions écrites de lois fondamentales ou à servir d'intermédiaire entre les factions, se permettant même parfois de défendre les arguments des sunnites. Il y a lieu de faire remarquer que lorsque l'Assemblée nationale irakienne a adopté subrepticement un amendement à la loi électorale, rendant un rejet de la Constitution quasiment impossible, Washington a condamné cette manœuvre dirigée contre la minorité sunnite opposée au texte. Cet engagement s'explique, selon l'analyste Thomas Carothers, du Carnegie Endowment for Peace, par le fait que “l'administration américaine espère utiliser les élections de décembre comme une évolution lui permettant de commencer à retirer des troupes”. Bien que la plupart des responsables militaires s'attendent à une augmentation de la violence pendant la période du référendum et celle des élections de décembre, les politiques espèrent une amélioration, en cas d'adoption de la Constitution, sans que les sunnites ne créent de problèmes. Tous les observateurs s'accordent à dire que ce référendum constitue une étape-clé dans le processus de normalisation de la situation en Irak. C'est le moment pour l'Administration Bush de démontrer que l'intervention militaire fait avancer la démocratie en dépit d'une situation sécuritaire catastrophique. K. A.