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Cœurs brisés
Publié dans Liberté le 02 - 07 - 2005

RESUME : Hamid n'est pas venu. Nawel se faisait du souci mais en se rappelant la joie qu'il éprouvait à l'approche de la naissance de leur bébé, elle se rassure et sait qu'il viendra un jour ou l'autre. Keltoum appelle au bureau de Hamid et apprend la mort de son père…
- Ah ! Il est vraiment mort ? demande Nawel quand sa mère la met au courant du décès de son beau-père. Tu as bien entendu qu'il s'agissait de lui ?
- Bien sûr.
Keltoum remarque le soulagement de sa fille et ne comprend pas sa réaction. Elle avait hésité à lui apprendre la nouvelle, redoutant de la choquer et de la peiner. Mais sa réaction la surprend.
- C'est tout ce que tu ressens ? Du soulagement ? Est-ce qu'il a été mauvais avec toi ? l'interroge-t-elle.
- Comme tous les beaux-pères qui ne peuvent pas sentir leurs belles-filles, répond Nawel. C'est normal que je me sente soulagée. Je ne ressens même pas de peine pour mon mari. Malgré tout, c'est son père. enfin c'était.
- Que va devenir sa famille ? demande Keltoum. Maintenant que son père est mort, sa famille va avoir besoin de Hamid. Tu ne pourras jamais te débarrasser d'eux et vivre ta vie tranquillement.
- Maman, je ne veux pas y penser, réplique Nawel. À chaque jour suffit sa peine. Je ne veux plus penser à demain. Je veux vivre chaque moment pleinement. Sans plus.
- Hamid ne risque pas de venir avant longtemps, la prévient Keltoum. Il doit s'occuper de tout. Il n'a personne sur qui compter. Nawel ne le sait pas trop. Plusieurs jours passent avant qu'il vienne les voir. Elle a quitté la maternité depuis deux jours quand il arrive. Le bébé a plus de trois semaines et lorsque Hamid le prend, il se met à pleurer. Pour retrouver son calme, il doit se retrouver contre le sein de sa mère. Hamid la regarde bercer leur bébé. Ses yeux se mouillent. Elle devine qu'il pense à son père.
- Comment est-ce arrivé ? lui demande-t-elle. Il allait bien pourtant.
- Il a eu une crise cardiaque, dit Hamid, en détournant les yeux pour qu'elle ne voie pas ses larmes. On s'était disputés. Tout ce qui est arrivé est de ma faute.
- Tu ne devrais pas te culpabiliser, murmure-t-elle. Tu ne pouvais pas savoir. Tu ne lui connaissais pas de problèmes cardiaques.
- Mais on en est presque arrivé aux mains, lui confie-t-il. Je voulais qu'ils viennent voir ce petit ange. Je voulais qu'ils partagent mon bonheur. Je ne voulais pas sa mort.
- Je sais. Comment allons-nous faire maintenant ?
- Continuer à vivre, répond-il. Mais avant tout, on va donner un prénom à notre enfant.
- Oui, tu as raison.
Nawel se met à lui citer les prénoms qu'elle aimerait donner à leur fils. Elle ne pense pas au prénom de son défunt beau-père. Quand Hamid le cite, elle reste bouche-bée.
- C'est un beau prénom, remarque-t-il. Ou tu ne veux pas parce que c'était le prénom de mon père ?
- Non, non. Je n'y avais pas pensé, c'est tout !
- Alors, on le nommera Boualem, décide-t-il. Est-ce que tu te sens bien ?
- Oui, pourquoi ?
- Je veux qu'on rentre à la maison, dit-il. Dès demain.
- Pourquoi es-tu si pressé ? lui demande-t-elle.
- Je ne peux pas laisser ma famille seule, répond-il. Demain, on part à la première heure.
Nawel n'a pas envie de rentrer à Maghnia de sitôt, mais il ne lui laisse pas le choix. Elle le sent différent au point de ne pas vouloir insister. Elle ne veut pas se quereller avec lui.
À suivre
A.K.
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