Au-delà des retards qu'enregistrent les travaux de sa réalisation, lancés, il y a plus de sept ans, la pénétrante autoroutière devant relier Jijel à El-Eulma (Sétif) est toujours au centre de toutes les préoccupations à Jijel. Citoyens comme élus et responsables locaux sont préoccupés par ce retard, d'autant que ce projet n'a cessé de traîner tout au long de cette longue période sans voir le bout du tunnel. À son lancement, il était pourtant prévu qu'il soit livré au bout de 36 mois avant que ce délai ne soit largement dépassé. Et depuis, on n'a pas cessé de promettre sa livraison en toute occasion. Cette fuite en avant dans la réalisation de ce projet a suscité l'appréhension des acteurs du développement économique de la wilaya de Jijel. Récemment, lors d'une rencontre sur le tourisme à Jijel, le retard dans la livraison de ce projet a, encore une fois, été soulevé. Ce retard représente une sérieuse entrave au développement de ce secteur, selon ce qui a été constaté. Ces acteurs et des responsables ont ainsi tenu à dénoncer l'isolement dont souffre la wilaya, qui n'a plus qu'une seule voie par où transite tout le trafic routier. Les RN 43 et 27 reliant Jijel à tout l'Est algérien sont extrêmement encombrées et ne permettent plus un meilleur flux de ce trafic. "La solution passe par l'achèvement de cette pénétrante pour laquelle il faut militer", a-t-on clamé. Cette pénétrante est également une condition au développement du trafic portuaire à Djen Djen, dont l'activité est réduite à cause de l'absence d'une voie reliant le port au reste du pays. C'est dans cette optique que le directeur de cette entreprise portuaire, Abdeslam Bouab, est allé prendre langue avec les opérateurs économiques de Sétif pour les inciter à orienter leurs opérations d'import-export vers Djen Djen. "Ces derniers sont découragés par le coût du transport et préfèrent aller vers Skikda ou Béjaïa", a-t-il déploré. Et pourtant, le port de Djen Djen n'est qu'à 110 km d'El-Eulma si on emprunte cette pénétrante. Une distance à parcourir en 1h de temps si seulement ce projet voyait le jour. "Nous avons des partenaires qui viennent d'Aïn Kebira ou de Constantine, mais ils sont entravés par l'encombrement de la circulation", a encore regretté Abdeslam Bouab, qui constate que "l'augmentation du trafic portuaire à Djen Djen passe inéluctablement par l'achèvement de cette pénétrante". Pour notre interlocuteur, celle-ci reste la seule option pour permettre une connexion avec la Transsaharienne pour relier l'Algérie à l'Europe en matière d'échange économique avec l'Afrique en attendant la réalisation du port d'El-Hamdania. Abdeslam Bouab conclut que le retard dans la réalisation de cette pénétrante hypothèque le développement de l'activité de son entreprise qui ne peut aller, a-t-il regretté, au-delà des 5 millions de tonnes qu'elle a atteints. Alors que ce projet reste l'otage d'éternelles contraintes à lever sur son tracé, il semble faire face à un problème de manque de sable pour alimenter son chantier du côté de Jijel. Le comble est que n'ayant rien à offrir de concret comme programme, des candidats aux législatives interviennent pour promettre qu'ils œuvreront à débloquer ce projet, une fois élus. Un populisme "électoral" qui s'invite dans ce projet, qui n'avance pas.