Le référendum constitutionnel irakien a beau être un succès, Bush n'en est pas moins sorti de la mélasse. Sa cote de popularité est en chute libre, des scandales touchent son propre camp, l'économie américaine est en perte de vitesse, la situation en Irak est au rouge et son image à l'étranger est détestable. Selon les sondages, les Américains ne sont plus que 47% en sa bonne étoile. C'est son plus bas indice de popularité depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2001. Réélu il y a moins d'un an pour un second mandat, après une campagne difficile contre le démocrate Kerry, Bush devait s'enorgueillir d'un capital politique qu'il s'était promis de dépenser en toute quiétude ! Mais, face à ses multiples déconvenues, il est contraint d'abandonner le projet qui lui tient à cœur de créer des plans d'épargne retraite privés, auxquels s'opposent les démocrates mais aussi dans son propre parti préoccupé par les sénatoriales de novembre. Bush est, par ailleurs, sérieusement empêtré dans des enquêtes judiciaires visant ses proches comme le chef de son groupe parlementaire à la Chambre des représentants Tom DeLay. Son principal conseiller politique, Karl Rove, est sur le gril chez le procureur spécial chargé de l'enquête sur la divulgation à la presse, par des membres de l'entourage présidentiel, du nom d'un agent des services secrets américains. Bush a dû promettre de sanctionner les éléments à l'origine de la fuite. Fussent-ils des proches à lui. L'économie, son point fort pendant son premier mandat, bat maintenant de l'aile. Les prix élevés de l'essence mécontentent les Américains et l'inflation montre le bout de son nez avec la plus forte hausse ce mois des prix à la consommation depuis 1980. En Irak, même si sa stratégie est couronnée de succès avec l'adoption de la Constitution élaborée sous sa pression, les perspectives sont incertaines. Le fédéralisme risque de faire éclater le pays dont l'occupation a exacerbé le communautarisme. On voit mal comment Bush procédera au retrait des 140 000 soldats américains déployés en Irak depuis mars 2003, le futur gouvernement irakien ne pouvant être en mesure d'assurer la stabilité et la sécurité face au terrorisme djihadiste salafiste, qui trouve un soutien chez des sunnites, notamment parmi d'anciens du baas de Saddam. 51% des Américains condamnent aujourd'hui l'aventure de Bush en Irak et ses shows n'emballent même plus ses propres électeurs, qui sont plus en plus nombreux à vouloir le retour de leurs soldats qu'à les voir rester jusqu'à ce que ce pays soit stable. Au plan international, le Nobel de la paix à El Baradei, le patron de l'AIEA, qui avait refusé de cautionner l'histoire des armes de destruction massives en l'Irak, est un véritable pied-de-nez pour Bush. Dire qu'il pensait remplir son second mandat avec brio. D. Bouatta