Après avoir appliqué un système de rationnement de l'eau, le gouvernement met en place un plan d'urgence visant à rendre la ressource disponible dans les 22 wilayas touchées par le stress hydrique. Le secrétaire général du ministère des Ressources en eau a rendu publics hier les détails des nouvelles mesures décidées. Le phénomène du stress hydrique qui plane sur l'Algérie depuis quelques années touche actuellement vingt-deux wilayas du pays, d'où la nécessité d'engager des mesures d'urgence, afin de "garantir une alimentation stable en eau potable", a affirmé, hier, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau, Ismaïl Amirouche, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne 3. L'orateur expliquera, d'emblée, que ce manque d'eau, dont souffrent pas moins de 22 wilayas, est dû principalement à la "réduction drastique des précipitations dans les régions ouest et centre du pays durant ces trois dernières années". Une réduction des volumes d'eau emmagasinés dans les barrages, estimée, selon lui, entre 35 et 40% par an. À ce titre, M. Amirouche citera comme exemple les barrages alimentant la capitale, précisant que celui de Keddara (wilaya de Boumerdès) affiche un taux de remplissage inférieur à 20%, tandis que les six autres barrages sont à moins de 15% de leurs capacités nominales. Afin de contenir les impacts de ce stress hydrique, le SG du ministère des Ressources en eau soutient que "plusieurs programmes d'urgence ont été lancés dans les 22 wilayas concernées, dont certains ont donné des résultats, étant donné que le déficit était gérable, tandis que dans d'autres régions la situation s'avère plus lourde". Parmi les mesures d'urgence prises par les pouvoirs publics, il citera les projets de transfert d'eau des barrages. C'est le cas, par exemple, de la wilaya de Sidi Bel-Abbès qui sera alimentée, selon lui, à partir du mois de juillet. Par ailleurs, les wilayas de Sétif et de Bordj Bou-Arréridj seront alimentées à partir du barrage d'Ighil Amedda (Kherrata) vers celui de Mehouane, alors que le barrage d'Oudjet Mellegue va alimenter les wilayas de Tébessa et de Souk-Ahras. Quant aux huit wilayas du centre du pays (Alger, Boumerdès, Blida, Tipasa, Aïn Defla, Médéa, Bouira et Tizi Ouzou), M. Amirouche affirme que "des solutions urgentes ont été mises en place pour assurer le transfert de l'eau depuis le barrage du Ghrib vers celui de Bouromi, à Aïn Defla, en vue d'alimenter le Grand-Alger, à savoir la partie ouest de la capitale et partiellement la wilaya de Blida". Dans la même optique, il fait état d'un autre programme de réalisation de 75 forages pris en charge par l'entreprise Seaal sur ses financements propres et 100 autres forages financés sur le budget de l'Etat. "Ce programme tire à sa fin et de nombreux forages ont été mis en service. Cela permettra d'assurer une alimentation en eau potable dans la wilaya de Blida, de Tipasa et relativement à Alger", a-t-il assuré. Et d'ajouter qu'"un nouveau programme de réalisation de 120 forages, confié à des entreprises publiques et privées, vient d'être lancé", dès lors que la réalisation de ces forages reste "la seule solution possible en cette période". M. Amirouche estimera le délai moyen de réalisation d'un forage et de son raccordement au réseau à deux mois. Par ailleurs, l'invité de la Chaîne 3 considère que "la capacité totale de captage d'eau pluviale en Algérie, estimée aujourd'hui à 18 milliards de mètres cubes par an, est insuffisante pour répondre aux besoins du pays". Abordant les risques de surexploitation des réserves souterraines et des nappes, l'intervenant avoue que "le recours au forage va engendrer une forte utilisation de ces réserves, notamment pour les trois années à venir". Toutefois, explique-t-il, dès la mise en place de "solutions définitives" au stress hydrique, "nous allons laisser la nappe se reposer".
Dessalement de l'eau de mer, une solution alternative Selon M. Amirouche, le dessalement de l'eau de mer a été retenu par le gouvernement comme "solution alternative" pour faire face au phénomène du stress hydrique. L'objectif assigné à cette stratégie est d'"atteindre un taux de production de 50% d'eau potable à partir de l'eau de mer dessalée à l'horizon 2030", a-t-il souligné. C'est dire que d'ici à 2030, la moitié des besoins nationaux en matière d'eau potable proviendra du dessalement de l'eau de mer. Ainsi, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau indiquera que "des projets de réalisation rapide de trois stations de dessalement d'eau de mer ont été mis en œuvre depuis mars dernier pour les besoins des populations d'Alger et une autre station destinée à la wilaya de Tipasa". Il s'agit, selon lui, de la réalisation d'une station monobloc à Zéralda dotée d'une capacité de 10 000 m3/jour, d'une deuxième station prévue à Palm Beach pour une capacité de 5 000 m3/j et d'une troisième station qui sera réalisée à Aïn Benian pour 10 000 m3. Concernant la station prévue dans la wilaya de Tipasa, elle sera implantée à Bou Ismaïl et dotée d'une capacité de traitement de 10 000 m3/j. KAMAL OUHNIA