Les rentrées scolaires qui se succèdent et se ressemblent voient les mêmes problèmes resurgir, particulièrement celui du déficit en enseignants. À son inauguration en novembre 1993, la population de Beni Ksila a accueilli dans la liesse son premier et unique CEM dans la région qui, dans l'espoir de mettre fin au calvaire qu' endurent ses enfants scolarisés ailleurs. D'autant plus qu'il est doté d'un demi-pensionnat. Mais cet espoir naissant est éphémère dans la réalité dans cette contrée oubliée même par le seigneur le tout-Puissant, pour reprendre l'expression du président de l'association des parents d'élèves dudit établissement. À mesure que les années passent, les parents d'élèves sont en face d'une réalité de l'état peu reluisant des lieux de leur CEM. Les rentrées scolaires se succèdent les unes après les autres et les mêmes problèmes resurgissent à chaque fois, particulièrement ceux liés au déficit en enseignants et du ramassage scolaire. La rentrée scolaire de cette année n'a pas dérogé à la règle et la furie de l'association des parents d'élèves a atteint son apogée. Sur un effectif de 20 enseignants, prévu par la carte scolaire de l'établissement, neuf seulement sont en poste. Huit sont, apprend-on auprès de l'administration, toujours vacants et trois autres enseignants sont en congé de maladie. “La rentrée scolaire dans notre établissement est toujours entamée avec un retard de plus d'un mois, voire même de deux”, nous a fait savoir un adjoint d'éducation, tout en nous invitant à regarder dans la cour et aux alentours du CEM, comme gage de vérité de leur propos, pour voir tous les élèves qui errent dans la nature alors qu'ils sont censés être en salles de cours. Et quand des enseignants sont affectés avec tout ce retard incommensurable, la majorité d'entre eux, révèle un adjoint d'éducation, sont des contractuels. “Ici, quand un enseignant décroche sa titularisation, il obtient sa mutation automatiquement l'année d'après”, précise notre interlocuteur avec dépit, en ajoutant que l'établissement a connu une valse de directeurs, pour le même motif. “À dire vrai, on diraitt que c'est un centre de formation professionnelle”, lâche-t-il alors avec ironie. un autre problème épineux auquel sont confrontés quotidiennement les élèves est celui du ramassage scolaire. Pour une commune aussi vaste que Ben Ksila dont les villages sont éparpillés sur ses collines oubliées, le transport scolaire est un sérieux problème pour lequel l'APC se soucie peu. Incontestablement, ce sont les élèves du village d'Aït Mendil, loin de 25 km du chef-lieu communal où est implanté le CEM, qui en souffrent le plus. “Les élèves résidant dans cette région basse sont contraints de se lever à 4 heures du matin pour être transportés dans un camion de l'APC, entassés comme des sardines en boîte”, nous signale M. Aït-Ibroute Idir, président de l'association des parents d'élèves. “La commune a bénéficié de deux bus du ministère de la Solidarité nationale, mais on n'en voit qu'un seul et, de surcroît, est actuellement en panne”, nous précise notre vis-à-vis avant de s'interroger : mais où est passé le second bus offert par le ministère de la Solidarité nationale ? Les parents d'élèves ont alerté toutes les autorités à quelque niveau que ce soit pour remédier à ces problèmes multiples auxquels fait face leur établissement, faute de quoi on menace de retenir les enfants à la maison. L. Oubira