Alors que la population de la wilaya de Tizi Ouzou, tout comme la diaspora à l'étranger, s'est mobilisée pour doter les structures de santé en générateurs d'oxygène, pour assurer de la disponibilité du produit pour les patients hospitalisés, les décès continuent à être enregistrés chaque jour par dizaines. Selon une publication du Dr Sidali Youcef, également élu à l'APW, huit décès ont été enregistrés à l'EPH d'Aïn El-Hammam rien que mercredi entre 18 et 22h. "Nous, membres du comité de village d'Aït Hichem, revenons de l'EPH d'Aïn El-Hammam où nous avons assisté à une véritable hécatombe : 8 décès entre 19h et 23h30. Nous avons assisté avec une impuissance indescriptible face à la mort des patients contaminés par la Covid-19 par manque d'oxygène et leurs familles étaient dans le désarroi total...La seule chose que nous pouvions faire sur place, c'était de mettre à la disposition de l'hôpital le seul concentrateur de 10 litres dont dispose le village", a témoigné Belaïd Aït Kaci, élu et membre du comité du village. Durant la même journée, l'EPH de Larbâa Nath Irathen n'a pas été épargné par l'hécatombe. Selon des sources médicales, huit décès seraient enregistrés. Le village de Taourirt Mokrane, à lui seul, a eu à enterrer, selon des sources locales, cinq patients décédés dans cet EPH. L'hôpital Krim-Belkacem de Draâ El-Mizan a frôlé la catastrophe durant la même journée de mercredi dernier. Alors que la citerne d'oxygène n'était pas encore arrivée, douze malades ont rendu l'âme dans les services Covid-19 en vingt-quatre heures sous les yeux impuissants du personnel médical qui ne pouvait rien faire, car débordé par le nombre de malades qui a atteint 157 patients mis sous oxygène. Aussi, les parents des malades étaient tous à bout de nerfs. Affolés, certains parents se démènent dans les couloirs criant à une mort certaine de leurs proches. Les parents, impuissants, se contentaient de diffuser des live sur les réseaux sociaux pour tirer la sonnette d'alarme. Lorsque la citerne d'oxygène est arrivée jeudi matin, ce fut le soulagement. "Nous avons vécu une journée noire. Notre personnel a été harcelé et insulté. Ce n'est que jeudi matin que nous avons réceptionné 1 200 litres d'oxygène qui ne tiendront qu'une journée. Pour le reste, il faudra recourir aux bouteilles d'oxygène. C'est un sérieux problème que les autorités doivent régler le plus vite possible. Nous n'avons plus de place où mettre les malades. En principe, demain, si tout va bien, nous mettrons en service la bâtisse mise à notre disposition par un opérateur économique. J'appelle les comités de quartiers et le mouvement associatif à se ranger de notre côté pour réussir cette mission", a confié Lounès Bounous, directeur de cet EPH. D'ailleurs, devant la situation intenable vécue par le personnel médical dans la nuit de mercredi, le directeur a diffusé un communiqué dans lequel, il a condamné avec force l'inacceptable intrusion dont l'établissement a été victime le soir du mercredi 28 juillet, malgré l'intervention des agents de sécurité et le personnel de garde. "Un déchaînement de violence verbale injustifiable a fortement inquiété des personnes présentes sur place (malades, personnel hospitalier et les usagers de l'hôpital), et des déclarations mensongères d'un live sur les réseaux sociaux ont été enregistrés avec amertume", a-t-il encore écrit dans le document. Le directeur a, par ailleurs, signalé que ces agissements doivent être condamnés avec la plus grande sévérité, d'une part, et, d'autre part, il a souligné que l'EPH possède tous les éléments irréfutables que son personnel a fait preuve d'un professionnalisme inégalé durant presque deux années consécutives avec un manque de moyens, y compris ceux de la protection individuelle contre ce maudit virus. "Il est vraiment nécessaire d'informer nos concitoyens que la direction de l'établissement ne cesse de collaborer avec la tutelle, le mouvement associatif, les sociétés et les entreprises du domaine pharmaceutique pour assurer des approvisionnements réguliers en produits médicamenteux, notamment l'oxygène médical, et ce, malgré les difficultés rencontrées qui dépassent vraiment nos compétences", a-t-il encore expliqué, tout en appelant la population à plus de prudence, au respect des gestes barrières et à la vaccination collective, qui sont des éléments indispensables pour combattre cette pandémie. À noter qu'à Boghni également, une autre dizaine de décès a été enregistrée en cette fin de semaine, selon plusieurs soignants et les proches des familles des défunts.