Dans ce texte intime, la "première imame de France" déroule les étapes-clés de sa vie de femme, de musulmane et sa vision de la religion inculquée très tôt dans le cercle familial paternel. Son islam est un islam d'amour et de paix, de partage, il est humain et tolérant. L'islamologue et "première imame" de France, Kahina Bahloul, a publié un livre intitulé "Mon Islam, ma liberté" aux éditions Albin Michel. Dans cette œuvre à mi-chemin entre la biographie et le traité théologique, l'autrice retrace son long chemin vers la compréhension et l'acceptation de sa foi. Dans ce texte intime, elle déroule les étapes-clés de sa vie de femme, de musulmane et sa vision de la religion inculquée très tôt dans le cercle familial paternel. Son islam est un islam d'amour et de paix, de partage, il est humain et généreux. Née en France en 1979 d'une mère française et d'un père algérien kabyle, Bahloul a accès dès son plus jeune âge à un environnement tolérant, multiculturel et multiconfessionnel. Par son père, elle a des origines musulmanes maraboutiques, par son grand-père paternel catholiques, et par sa grand-mère maternelle une ascendance juive polonaise. "Ces origines s'annonçaient comme une source de richesse inouïe et de questionnements existentiels parfois déchirants et complexes", dit-elle. Avec son père, les conversations autour de la religion et de la spiritualité se concluaient par cette phrase, qui déterminera ultérieurement le cheminement spirituel de l'autrice : "Ce qui compte dans la vie ma fille, c'est d'avoir un bon cœur." C'était une évidence pour lui : un cœur corrompu ne pouvait mener sur une voie éthique qui satisferait aux commandements divins. Le père tâchera aussi de transmettre son héritage culturel et identitaire à travers les prénoms de ses enfants, Kahina en l'occurrence et son frère Massinissa. Altérité et connaissance de soi La connaissance des origines est le garant d'une altérité féconde, capable de rassembler au lieu de diviser, elle serait fondamentale "pour un individu comme pour un peuple", écrit Bahloul. "Mieux un individu connaît son histoire et celle de ses ancêtres, plus il est solide et capable de s'ouvrir à l'altérité qui l'entoure. À l'inverse, la fragilité née du sentiment d'être un déraciné amène le repli sur soi car le monde extérieur est sans cesse perçu comme un danger potentiel." Toujours à propos de son rapport à l'islam, Kahina Bahloul dit l'avoir connu "de l'intérieur", auprès des siens, lui confarant une authenticité qui l'a aidée au moment où ses doutes surgissaient. "J'ai eu la chance de découvrir cette religion dans un environnement rural avec ce qu'il offre d'apaisant et d'authentique. Au plus près de la nature, j'ai appris à contempler Dieu dans Sa création, un Dieu 'immanent', sans que je connaisse ce mot ni en avoir vraiment conscience dans mon imaginaire d'enfant ; mes aînés n'en avaient d'ailleurs pas plus conscience que moi. Pour eux, le lien à Dieu s'expérimente et se vit à chaque instant sans y mettre des mots savants ni de grandes théories." Son initiation au soufisme à travers la littérature et la philosophie apportera à l'islamologue des réponses à des questions restées jusque-là en suspens. Vécue comme une expérience mystique et intime, cette "découverte" spirituelle est toutefois le résultat d'une "errance, doute, questionnements et interrogations". "J'ai finalement compris que, sans le doute, aucun processus de recherche ne peut être entamé, que rien ne peut être désiré et découvert", poursuit-elle. Aussi, ce livre serait une réponse à une certaine vision qu'a l'occident de l'islam. Après les connotations dont a longuement souffert la religion musulmane et les musulmans en Occident, comme "violence", "terrorisme", "obscurantisme", "radicalisation", Bahloul apporte, à travers son ouvrage, un message de paix et de tolérance. "Profondément et sincèrement désolée, j'ai choisi de donner comme écho à ce discours une déclaration d'amour à l'humanité et à l'univers entiers", conclu-t-elle.