Si le chef de l'Etat ne statue pas sur ce dossier d'ici à la fin septembre, le secteur automobile ira droit vers une "troisième année blanche", compte tenu des délais impartis pour importer des voitures neuves. Les concessionnaires automobiles passent la vitesse supérieure. Ils sont, une nouvelle fois, montés au créneau en saisissant officiellement le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour tenter d'éviter au secteur une "troisième année blanche". Dans une lettre adressée au chef de l'Etat, dont Liberté détient une copie, ces opérateurs expliquent que leur démarche intervient après les multiples blocages et rejets enregistrés au ministère de l'Industrie. Le comité interministériel chargé de l'étude et du suivi des dossiers avait délivré des agréments provisoires en 2020, avant qu'ils ne soient annulés. "Après trois ans d'attente, le gouvernement a promulgué le cahier des charges n°20-227, et certains concessionnaires ont obtenu des agréments provisoires malgré les conditions draconiennes contenues dans ladite loi. Cela nous a donné un espoir grandissant pour pouvoir reprendre notre activité", relève ce collectif, qui regrette que, une année après, un troisième cahier des charges (n°175-21) a vu le jour. " Nous avons répondu favorablement aux clauses et étions 58 concessionnaires à y avoir postulé et ce, malgré les pertes et le manque à gagner que nous avons enregistrés durant trois ans suite à l'arrêt de l'activité", écrit ce collectif qui a sensibilisé le chef de l'Etat à intervenir en "urgence" pour mettre fin à cette situation. "Malgré la crise qui a secoué le secteur, nous avons préservé les postes d'emploi, notamment dans les services après-vente. D'autant que plus de 30 000 emplois directs et des dizaines de milliers d'emplois indirects ont été perdus dans le secteur de l'automobile", soulignent-ils. Pour les concessionnaires automobiles, ce secteur est névralgique pour l'économie nationale. Par ailleurs, ces opérateurs regrettent les mesures contenues dans le décret exécutif n°94-21 qui définit l'activité d'importation des matières premières, des produits et marchandises destinés à la vente en l'état. "Nous nous retrouvons dans l'incapacité d'importer la pièce de rechange d'origine à cause de ces agréments que le ministère du Commerce ne nous a pas accordés, ce qui contraint l'entretien des véhicules", explique encore ce collectif. Pointant du doigt le comité interministériel chargé de l'étude et du suivi des dossiers qui, selon eux, n'a pas respecté les délais impartis pour leur délivrer le fameux sésame, notamment les articles 13,14 et 16, mais aussi l'exigence par ce comité de certains documents non inclus dans les clauses du cahier des charges n°175-21, ces opérateurs insistent auprès du président Tebboune pour intercéder en leur faveur, d'autant que, arguent-ils, "les concessionnaires subissent, au quotidien, des pertes inestimables". Cette situation, affirme ce collectif, a eu un impact direct sur le parc national automobile, d'une part, et a provoqué une hausse vertigineuse et sans précédent des prix des véhicules sur le marché de l'occasion, d'autre part. "Nous attendons de vous une solution salvatrice pour pouvoir reprendre notre activité, créer des postes d'emploi, mais aussi permettre aux citoyens d'acquérir un véhicule, alors qu'ils payent actuellement l'équivalent d'une voiture neuve pour s'offrir une voiture d'occasion. Nous attendons de vous une intervention urgente pour que le parc national automobile se renouvelle et ainsi permettre, notamment à travers l'importation des véhicules utilitaires, au secteur de l'agriculture de contribuer au développement économique du pays", conclut ce collectif. Une chose est sûre, si le chef de l'Etat ne statue pas sur ce dossier d'ici à la fin septembre, ce secteur ira droit vers une "troisième année blanche", sachant que les délais du processus lié aux commandes, à la fabrication, à l'homologation, à l'importation, au rapatriement vers les showrooms et à la vente des voitures oscillent entre trois et quatre mois.