Le conflit qui mine depuis quelques jours le parti du Front de Libération nationale (FLN) s'exacerbe au fil des jours. Après s'être affrontés jeudi dernier à l'occasion de la réunion des membres du conseil national opposé à l'actuelle direction, les deux clans qui se disputent les commandes du vieux parti ont croisé le fer, hier, aux abords du siège de leur formation politique en présence de la police qui a évité un affrontement physique certain. Tout a commencé par l'annonce d'un groupe de dissidents de leur volonté de tenir, hier matin, une réunion au siège du parti, à Hydra sur les hauteurs d'Alger. Des membres du comité central, qui ont déclaré jeudi la vacance du poste de secrétaire général, voulaient installer une commission de coordination qui devrait être chargée de gérer le FLN en attendant la tenue du congrès. Mais c'était sans compter sur la détermination d'Abou El-Fadhl Baâdji, l'actuel secrétaire général qui ne veut visiblement rien lâcher. Tôt le matin, plusieurs dizaines de ses soutiens, venus pour certains de différentes régions du pays, ont encerclé le bâtiment situé rue Mohamed-Bag. Des banderoles portant des slogans favorables à l'actuel secrétaire général ont été accrochées sur la façade de l'imposant immeuble de trois étages. La porte principale demeurait close. "Nous sommes pour la légitimité des instances du parti", explique Mohamed Sbahi, membre du bureau politique justifiant sa présence par un "soutien au secrétaire général légitime du FLN". "Baâdji est le secrétaire général" du FLN, scandent, à tue-tête un groupe de jeunes, venus appuyer le chef du parti. Un peu plus loin, un autre groupe s'est formé, mais pas pour donner de la voix aux premiers. Il s'agit d'opposants à Abou El-Fadhl Baâdji. "Baâdji dégage...", scandaient des voix. Ce groupe, composé de membres du comité central et d'autres cadres dont des élus, est venu initialement pour tenir une réunion de "coordination". Mais devant la présence de ce qu'ils qualifient de "baltaguis", ils ont préféré rester à l'écart pour éviter un éventuel affrontement. En "décidant de porter la crise dans la rue, Abou El-Fadhl Baâdji doit assumer ses responsabilités. Ce qui devait être une crise politique est devenue une atteinte à l'ordre public", s'offusque Ahmed Ould El-Hocine, ancien député de Bouira. Ce dernier, qui mène la protesta, estime que "s'il était légitime, Baâdji aurait dû assister à la réunion du comité central". Mais, l'homme "sait qu'il n'a pas la majorité des membres" de cette instance, ajoute encore, fulminant, l'ancien député, à quelques pas d'un important cordon de policiers venus s'interposer entre les deux groupes. "Imaginez un instant que la police ne soit pas là ? Il y aurait eu probablement un bain de sang ici entre militants du même parti", commente, presque dépitée, une élue de l'APW d'Oum El-Bouaghi et membre du comité central. Selon elle, Abou El-Fadhl Baâdji devrait "assumer les conséquences" de la situation actuelle que vit l'ancien parti unique. "Nous faisons de la politique. Nous sommes venus ici pour remettre sur les rails un parti qui déraille. Baâdji, utilise la violence. Pourtant, entre nous, il existe des textes", souligne, pour sa part, Abdellah Benarab, professeur en médecine et président de l'APW de Constantine. Derrière cette guerre de tranchées, il existe un véritable imbroglio. Les deux parties se disputent la légitimité du comité central. Lors de la réunion de jeudi, "il y avait uniquement 53 membres du comité central", assure Mohamed Sbahi, allié d'Abou El-Fadhl Baâdji. Ce dernier assure que parmi les opposants, il existe deux catégories : "Il y a ceux qui sont exclus des instances du parti et ceux dont la candidature n'a pas été retenue lors des élections législatives." "Nous avions réuni 261 membres, donc bien plus que le quorum exigé qui est de 225 personnes", objecte Mohamed Issad, mouhafedh de Blida et un des premiers à se révolter contre l'actuel secrétaire général. Pour trancher la question, ceux qui avaient déclaré, jeudi, la vacance du poste du secrétaire général du FLN ont déposé, hier matin, "un dossier complet au ministère de l'Intérieur". En attendant la réponse de l'administration, Abou El-Fadhl Baâdji continue ses activités. Il a présidé, hier en début d'après-midi, une réunion avec les députés de son parti.