Une telle enquête pourrait être décidée à la fin de la session lors du vote des résolutions. Mais plusieurs pays, dont le Pakistan, avaient fait part de leurs réticences à une telle éventualité, lors d'une réunion extraordinaire du Conseil sur l'Afghanistan le 24 août. Toujours en poste, le diplomate que l'ancien gouvernement afghan avait nommé auprès des Nations unies à Genève a appelé hier l'ONU à enquêter sur les violations des droits humains par les talibans. La haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, et l'Union européenne ont également réclamé ces derniers jours devant le Conseil des droits de l'homme la mise en place d'un mécanisme de surveillance des violations des droits humains en Afghanistan. Nasir Ahmad Andisha, qui représente toujours l'Afghanistan auprès des Nations unies à Genève – les talibans n'ayant pour l'instant pas demandé à être représentés à l'ONU –, est revenu hier à la charge devant le Conseil réuni en session ordinaire jusqu'au 8 octobre. "Il est clair maintenant qu'à mesure que la situation des droits humains en Afghanistan évolue, la nécessité d'une surveillance et d'une action concrète de ce Conseil est devenue plus urgente", a-t-il déclaré. Il a demandé au Conseil d'"envoyer immédiatement une mission d'établissement des faits pour enquêter et documenter les atteintes aux droits de l'homme", notamment dans la vallée du Panchir, où un mouvement de résistance s'est dressé contre les talibans. Une telle enquête pourrait être décidée à la fin de la session lors du vote des résolutions. Mais plusieurs pays, dont le Pakistan, avaient fait part de leurs réticences à une telle éventualité, lors d'une réunion extraordinaire du Conseil sur l'Afghanistan le 24 août. "Aujourd'hui, le monde ne peut et ne doit pas rester silencieux alors que des millions de personnes craignent pour leur vie et les droits humains et qu'une crise humanitaire se développe dans le pays", a affirmé Nasir Ahmad Andisha. Depuis leur prise du pouvoir le 15 août, les talibans tentent de convaincre la population et la communauté internationale qu'ils ont changé et que leur régime sera moins brutal que le précédent, entre 1996 et 2001, lorsque les femmes ne pouvaient pas travailler ou étudier. Mais ils ont également violemment réprimé, puis interdit, des manifestations organisées dans plusieurs grandes villes du pays, auxquelles participaient de nombreuses femmes réclamant notamment de pouvoir continuer à travailler. "Les talibans ont juré de respecter les droits humains, mais les voix des femmes disparaissent" et leurs libertés sont "réduites, tandis que les violences et la discrimination à (leur) égard demeurent", a relevé Nasir Ahmad Andisha. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a proposé de se servir de l'aide humanitaire au pays comme levier pour faire respecter les droits humains dans les discussions avec les talibans.