Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), qui vient de rendre publique une liste nominative mise à jour des détenus d'opinion, a fait état de 221 personnes emprisonnées dont 205 depuis le début de l'année 2021 en cours sur l'ensemble du territoire national. Selon cette liste publiée jeudi dernier, 33 wilayas du pays sont concernées par ces arrestations mais le nombre le plus important a été enregistré dans la capitale, Alger, où le CNLD a recensé 83 personnes arrêtées et placées en détention dont 81 depuis le début de l'année en cours. La wilaya d'Alger est suivie par la wilaya de Boumerdès avec 21 personnes arrêtées dont 20 durant ces neuf derniers mois. Les chiffres par wilaya montrent, toutefois, que 9 wilayas sur les 33 concernées n'ont enregistré qu'une seule arrestation. Des arrestations qui n'en finissent visiblement plus vu que la semaine écoulée plusieurs activistes ont été encore emprisonnés. Selon le Comité pour la libération des détenus, rien que dans la wilaya de Médéa pas moins de cinq personnes ont été arrêtées jeudi dernier. Il s'agit, selon ce collectif qui ne cite pas les charges retenues contre eux, de Mounir Kellache, de Younès Sayeh, de Mohamed Boubina, de Mohamed Islam Saoudi, d'un membre de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme, de Djamel Bakhtaoui. Selon ce même collectif, ces arrestations suivies, pour certaines d'entre elles, par la perquisition de domicile, avaient déjà été précédées par l'arrestation, le 11 octobre dernier, de Riyad Ouachène. À Béjaïa, c'est un jeune activiste sur les réseaux sociaux, Toufik Larbès, qui a été arrêté jeudi dernier par les éléments de la brigade de recherches et d'intervention (BRI), à son domicile familial, sis au quartier de Hellouane, dans la daïra d'Ifri Ouzellaguen. Le mis en cause, un père de famille de 42 ans, serait poursuivi pour son appartenance présumée au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), porté depuis le 18 mai dernier sur la liste des "organisations terroristes" par le Haut conseil de sécurité (HCS). Par ailleurs, l'ancien policier de Béjaïa, Zahir Moulaoui, qui s'est engagé dans le mouvement populaire du 22 Février 2019, a été finalement poursuivi pour de "graves accusations" liées notamment aux crimes terroristes, tels que définis dans l'ordonnance n°21-08 du 8 juin 2021 modifiant et complétant l'ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal. En effet, selon Me Mourad Zenati, avocat affilié au barreau de Béjaïa, cet activiste du Hirak, placé en détention provisoire à la prison de Koléa (Tipasa), devra répondre de six chefs d'inculpation, dont "appartenance à une organisation terroriste", "apologie du terrorisme", "atteinte à la sécurité et à l'unité nationales", "incitation à attroupement non armé" et "outrage à corps constitués". Pour rappel, le mis en cause a été arrêté par la police le 5 octobre dernier, lors d'une tentative de marche dans la ville des Hammadites, à l'occasion du 33e anniversaire des événements d'Octobre 1988. Durant la même semaine écoulée, plusieurs autres arrestations ont été opérées par les services de sécurité dans plusieurs wilayas dont Bouira, Sétif et Chlef. À noter que parmi ses chiffres, le CNLD inclut également des militants du MAK, une organisation classée terroriste au même titre que Rachad. Cette liste ne concerne, est-il toutefois souligné, que les personnes placées en détention et arrêtées en attendant leur présentation devant les différents tribunaux. Autrement, le nombre de personnes poursuivies en justice est nettement plus élevé. Rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou, le nombre d'affaires pendantes en justice et qui concernent des activistes et militants non arrêtés dépasserait une vingtaine, selon des avocats. La semaine dernière, c'est la militante féministe, Zahia Bachir qui a été convoquée par la Gendarmerie nationale. À souligner que les 14 militants qui ont tenté une action de rue le 5 octobre dernier à Tizi Ouzou et qui ont été interpellés par la police ont finalement été libérés après leur présentation devant le parquet.