L'auteur du texte présente ici une autre lecture des résultats de la compagnie nationale et exhorte les cadres du secteur à s'impliquer dans les débats et réflexions sur l'avenir de la branche. L'année 2002 a été marquée pour Sonatrach, par une production de 111,6 Mtep, correspondant à un chiffre d'affaires d'environ 17 milliards de dollars. Engendrant une baisse de 12 % par rapport à 2001. Ce résultat est le plus bas depuis 2000. Pourtant, un programme d'investissement 2000-2004 a été initié, et devrait en principe faire accroître la production, comme l'indiquent les prévisions. L'année 2002 avait une tendance favorable à un marché croissant en demande, force est de constater que la production est en net repli. La réalité est dans le résultat des recettes pétrolières. Exercice 2000, chiffres d'affaires : 22 milliards de dollars. Exercice 2001, chiffre d'affaires : 18,5 milliards de dollars. Exercice 2002, chiffre d'affaires : 17 milliards de dollars. Cependant, l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures passe de séminaire en placard publicitaire, argumenté de tous les bienfaits pour l'Etat et la Sonatrach. Or, à l'impossible nul n'est tenu, et toute démonstration ou analyse positive sur cette loi relève de l'utopie. Les changements à opérer sur les questions énergétiques à moyen terme doivent se faire par : - le développement de nouvelles technologies dans la récupération et la réduction de la consommation, - Le développement d'autres énergies et l'éloignement des frontières de nouvelles découvertes. Que ce soit pour le pétrole ou le gaz naturel, la Sonatrach doit développer une politique de diversification à tous les niveaux, tout en assurant d'une façon progressive sa mission. Le pétrole dans le monde Les réserves prouvées de pétrole dans le monde (au 1er janvier 2002) sont de 1 031,6 milliards de barils. Rassurez-vous, ces réserves ont conservé leur même niveau depuis plus de 20 années, en dépit de l'accroissement de la consommation. Cet état est géré comme par un système de vases communicants, parce que les nouvelles découvertes compensent le surplus de consommation. Le Proche-Orient détient 66,5% des réserves mondiales, suivi de l'Amérique latine 11,9%, l'Afrique 7,4%, l'Europe orientale 5,7%, L'Extrême-Orient 4,2%, l'Amérique du Nord 2,6% et l'Europe occidentale 1,7%. La part de l‘OPEP est de 79%. À titre d'exemple, l'Arabie Saoudite produit 31 02,5 millions de barils/an et possède une réserve de 259,3 milliards de barils, soit 83 années de production. Le Koweït, avec une production de 671,6 millions de barils/an, possède une réserve de 940 milliards de barils, soit des réserves correspondant à 140 années de production. Les Etats-Unis et la Russie ne disposent en réserves respectivement que de 7 et 19 années de production. La baisse des consommations de carburants aviation, après le 11 septembre 2001, a obligé les dix membres (exclu Irak) de l'OPEP à réviser à la baisse les quotas de production, afin de maintenir les prix dans une fourchette de 22 à 28 $ le baril. La production mondiale en 2002 s'est stabilisée à 76,9 millions de barils/jour, sensiblement au même niveau qu'en 2001. À ce rythme, elle représente une production de 38 années. (source AIE). Cas de l'Algérie Les prévisions des capacités de production de Sonatrach semblent aléatoires comme l'indiquent les différentes étapes : (sources Sonatrach). À la fin de 1998, les prévisions pour 2003 donnent 246 millions de Tep/an, À la fin de 2000, les prévisions pour 2002 donnent 244 millions de Tep/an, À la fin de 2002, les prévisions pour 2003 donnent 129,6 millions de Tep/an. En tenant compte des données précédentes, l'Algérie produit donc environ 130 millions de Tep/an. L'évaluation des réserves prouvées en hydrocarbures, selon les sources de Sonatrach, sont de 5 milliards de Tep, ce qui correspond à 39 années de production. Selon l'AIE et Oil Market Report, l'Algérie a produit 1,38 million de barils/jour en 1999, 1,44 million de barils/jour en 2000 et 1,49 million de barils/jour en 2001 avec une variation de 3,5% pour 2001-2000.* (* Inclus le brut, le GNL, les bruts non conventionnels.) D'après les sources de la Sonatrach, l'Algérie a exporté en 2002 un volume total de 111,6 Mtep dont 47% soit, 52,45 Mtep en gaz naturel et le reste 53% soit, 63,55 Mtep en pétrole brut. Cette production annuelle de brut correspond à une production journalière de 1,24 million de barils/jour. Le prix du baril en 2002 affiche une moyenne de 24,4 $, ce qui nous donne une recette de 11 milliards de dollars en brut et 6 milliards de dollars en gaz naturel, soit un total de 17 milliards de dollars. En 2001, selon les mêmes sources, l'AIE et l'OMR, l'Algérie a produit 1,49 million de barils/jour pour un prix moyen de 24,8 $, ce qui nous donne une recette de 13,5 milliards de dollars en brut et 6 milliards de dollars (pour un même volume qu'en 2002) en gaz naturel, soit un total de 19,5 milliards de dollars. Pour la même année, selon la Sonatrach, le chiffre d'affaires était de 18,5 milliards de dollars... Indépendance énergétique Actuellement, l'Union européenne importe 50% de ses besoins énergétiques ; les Etats-Unis ont atteint une dépendance énergétique de plus de 20%. Le Japon, pays non producteur, consomme en moyenne 240 millions de tonnes/an.La demande mondiale en brut s'élève à 76 millions de barils/jour, dont 40% sont produits par l'OPEP qui ne consomme que 7 millions de barils/jour. Dans un contexte particulièrement difficile pour l'industrie pétrolière, les cadres de la Sonatrach doivent créer une plate-forme de réflexion pour échanger l'expérience et les idées, dans un cadre légal de concertation et de dialogue. Ainsi, cette forme d'organisation permettra aux ingénieurs de libérer leurs capacités scientifiques et, enfin, d'être associés à toutes les questions relatives aux hydrocarbures. Le mouvement associatif est d'un apport considérable pour la démocratie, c'est son troisième pilier après les partis politiques et les syndicats. Posez-vous la question : Y a-t-il nécessité de créer une association ? Si oui, pourquoi ? Vous êtes les plus concernés et les moins consultés. A. B. (*) Ingénieur géophysicien, ex-cadre de Sonatrach.