Selon les dernières analyses mensuelles de l'AIE, de l'EIA et de l'Opep, la demande de pétrole devrait augmenter en 2022 de +3,6 millions de barils par jour en moyenne. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 4 janvier 2022 prévoit un prix de 73 dollars le baril pour 2022, en hausse par rapport à la moyenne de 71 dollars en 2021. C'est ce que relève l'IFP Energies nouvelles (Ifpen) dans son "tableau de bord" sur les marchés pétroliers, publié hier. Le cours pour 2022, basé sur les contrats à terme, est de 77,3 dollars le baril. L'Ifpen constate qu'en ce début d'année, les cours du pétrole brut sont en hausse pour la troisième semaine consécutive, portés par un contexte économique favorable, une demande pétrolière résiliente face au virus Omicron, mais aussi par les tensions sur l'offre mondiale de pétrole. En moyenne hebdomadaire, le brent sur le marché à terme de Londres a progressé, la semaine dernière, de +2,5% à 80,7 dollars le baril, indique l'institut de recherche français. "Les données de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) montrent que sur les marchés financiers, les gestionnaires de fonds, confiants dans l'économie et l'évolution de la demande de pétrole, ont fortement augmenté leurs positions spéculatives nettes longues sur le brent et le WTI de 15 261 contrats (+3,4%) pour atteindre 463 646", souligne l'Ifpen. Selon les dernières analyses mensuelles de l'AIE, de l'EIA et de l'Opep, la demande en pétrole devrait augmenter en 2022 de +3,6 millions de barils par jour en moyenne et de +2,8 millions de barils par jour au premier trimestre 2022. Ces prévisions, qui datent de la mi-décembre, précise l'institut de recherche français, n'ont pas encore pleinement intégré la vague de contaminations du variant Omicron, qui continue de battre des records, le nombre total de cas de Covid-19 enregistrés dans le monde dépassant cette semaine les 300 millions. "Même si les mesures sanitaires mises en place par les gouvernements pour endiguer cette nouvelle vague sont moins sévères que pour les vagues précédentes, leur impact sur le trafic routier et le secteur aérien se mesure déjà", affirme l'Ifpen. Selon les données enregistrées par les services de mobilité, les déplacements routiers ont fortement baissé en un mois, principalement en Europe : -9% en France et en Allemagne, -20% au Royaume-Uni et -14% aux Etats-Unis. Concernant le secteur de l'aviation, on observe également une baisse de 8% du nombre des vols commerciaux. Dans ce contexte incertain, rappelle l'Ifpen, les membres de l'Opep et leurs partenaires de l'Opep+ ont décidé, lors de leur réunion du 4 janvier, d'augmenter la production de pétrole de +400 000 barils par jour en février prochain (conformément aux engagements pris en 2021), confiants dans le fait que la reprise de la demande mondiale de pétrole reste robuste et résistera aux turbulences du variant Omicron. Toutefois, l'Opep+ reconnaît que les marchés sont à nouveau excédentaires (+0,8 million de barils par jour au premier trimestre 2022), mais nettement moins que l'AIE, qui prévoit un excédent de 1,7 million de barils par jour au premier trimestre. "Il reste à voir si l'Opep+ respectera ses engagements. Depuis l'été dernier, le taux de conformité du groupe oscille autour de 115% (120% pour l'Opep10), signe que les augmentations de production restent bien en deçà des accords", note l'Ifpen. "Plusieurs raisons techniques expliquent ce taux de conformité élevé : stagnation de la production en Russie, baisse de la production en Libye, perturbations au Nigeria, problèmes de production en Angola, etc", ajoute-t-il. D'autres ruptures d'approvisionnement sont également envisageables dans les prochains mois, notamment au Kazakhstan. "Si la situation de l'offre mondiale de pétrole ne se normalise pas, on peut s'attendre à ce que les prix du brut continuent à évoluer aux niveaux actuels, d'autant plus que les stocks de pétrole sont en baisse", prévoit l'Ifpen.