Après la flambée des prix du poulet et des produits de large consommation, c'est au tour des viandes rouges, déjà trop chères, d'enregistrer une hausse vertigineuse pour devenir inaccessibles au citoyen moyen. Un kilogramme de viande de bœuf a connu une hausse allant parfois jusqu'à 400 DA tandis que le prix de la viande de mouton a augmenté de 300 DA. "Le kilo de viande de mouton est vendu à 1 900 DA et le kilo de viande de bœuf à 2 000 DA", selon Mohamed Tayeb, boucher au centre-ville de Bordj Bou-Arréridj. Pour de nombreux bouchers de la ville, "ce n'est que le début d'une flambée qui va se poursuivre jusqu'à la fin du mois de Ramadhan". "Déjà, nous avons de la peine à écouler nos produits. Avec cette flambée, plusieurs bouchers voient les clients fuir et leur chiffre d'affaires dégringoler de façon vertigineuse, certains ont même dû fermer boutique", ajoute notre interlocuteur, qui rappelle que le prix de gros a également augmenté. De leur côté, les éleveurs protestent et affirment qu'ils ne font pas de bénéfice ; au contraire, ils sont en train de vendre à perte surtout avec l'augmentation du prix du fourrage et la mévente de leurs animaux en raison de la crise de Covid-19. "La hausse des prix est principalement causée par l'augmentation du prix de l'aliment de bétail, qui a atteint les 7 000 DA. La sécheresse qui a touché plusieurs régions du pays n'a pas épargné les éleveurs, qui sont obligés d'augmenter les prix", font savoir les éleveurs. Pour arriver au consommateur, l'animal d'élevage passe par de nombreuses étapes et toute une chaîne d'intermédiaires. Il y a tout d'abord ceux qui amènent l'animal de l'élevage jusqu'au marché aux bestiaux (transporteurs, ramasseurs, maquignons et autres marchands), ceux qui opèrent entre le marché et l'abattoir et enfin les commerçants de la viande (chevillards, grossistes, détaillants et bouchers). À chaque étape, des frais supplémentaires viennent s'ajouter pour finalement augmenter le prix de la viande. Ajoutons d'une part le faible rendement en viande (le rendement carcasse/poids vif est d'environ 50%) et, d'autre part, les frais d'abattage, les taxes... et le prix de la viande grimpe très vite (surtout pour les morceaux nobles comme le filet et toute la partie arrière de la carcasse). Pour le consommateur, la viande rouge, de bœuf et de mouton, coûte de plus en plus cher. "L'inflation, la spéculation et la mauvaise gestion expliquent en partie la situation catastrophique du secteur. En réalité, la viande rouge a été de tout temps et partout un produit relativement cher et la crise actuelle l'a rendue encore plus", dit Hamid Zaïd, président de l'association des consommateurs de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. "Avant, quand le prix de la viande rouge augmentait, on achetait de la viande blanche, mais maintenant, on n'achète plus de viande du tout", témoigne une mère au foyer, qui ajoute que ces flambées des prix des produits alimentaires ont poussé les consommateurs à transformer leur mode de vie en achetant moins, en consommant peu, en diminuant les repas. Pour se consoler, les Bordjiens qui ne peuvent pas acheter de viande parlent diététique et santé.