Le développement et la généralisation en Algérie des nouvelles technologies, de la numérisation et même de la monétique risquent d'être entravés par l'instauration de fortes taxations en 2022 sur l'importation par colis postaux de téléphones portables et autres matériels et accessoires informatiques. En effet, à travers une récente correspondance notifiée à l'adresse de l'Inspection principale des colis postaux, les services fiscaux ont dressé un listing exhaustif des niveaux de taxations totales auxquels sont désormais soumises les importations des produits en question, et ce, en application des nouvelles dispositions charriées par la loi de finances 2022. Selon ce listing, le taux cumulé des taxes sur les téléphones portables, tablettes et écrans TV importés par colis postaux atteint ainsi 133,05%. De même, le cumul des taxes applicables sur l'importation de certains accessoires et autres matériels informatiques, tels que les batteries de smartphones, les adaptateurs USB, les "cartes mères" et les disques durs est porté à pas moins de 60,22%, selon la même note explicative des services des impôts. Les claviers d'ordinateurs, chargeurs, barrettes de RAM et autres accessoires sont soumis, eux, à une taxation cumulée de 29,87%. Ces fortes impositions qui ciblent également d'autres catégories de produits importés par colis postaux, à l'instar de certains fruits, comme les ananas et les raisins, mais aussi, des accessoires automobiles, des montres de luxe et certains produits cosmétiques, visent sans doute à mieux rationaliser les importations et à compresser la facture en devises des achats du pays à partir de l'étranger. S'agissant toutefois du matériel informatique, de tablettes et de téléphonie mobile, de tels niveaux de taxations risquent de rendre leurs prix inabordables, voire de créer de fortes tensions sur leur disponibilité sur le marché national et d'entraver dès lors les efforts déployés en vue de combler le gap que connaît le pays en termes de développement et d'accès des citoyens aux nouvelles technologies. La généralisation de l'utilisation des outils numériques et informatiques modernes, faut-il par ailleurs le rappeler, est d'autant plus nécessaire pour combler les retards que connaissent encore les segments de la monétique, de la banque à distance, du commerce en ligne et surtout des paiements électroniques indispensables à la modernisation bancaire et à l'amélioration de la bancarisation des populations. Dans son dernier bilan annuel, publié au début du mois en cours, la Groupement d'intérêt économique de la monétique (GIE-monétique) a souligné d'ailleurs que malgré une croissance positive des volumes de paiement par internet qui a atteint plus de 70% l'année écoulée par rapport à 2020, ces progrès restent "en deçà des moyens et des capacités engagés" dans ce domaine. Outre le segment de la monétique, le renchérissement des outils informatiques et de téléphonie ne favorise également pas la numérisation souhaitée dans les domaines de l'enseignement, l'Algérie demeurant encore très mal classée dans le monde en termes d'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC), malgré les progrès réalisés en ce domaine durant ces quelques dernières années.