De statut d'importateur de bateaux de pêche, qu'elle occupe depuis des dizaines d'années, l'Algérie est en passe de devenir pays exportateur en la matière. Le pas est désormais franchi grâce au chantier de construction navale Sakomas d'Azeffoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui s'apprête à exporter deux bateaux de 14 mètres vers la Mauritanie. Fraîchement sortis des ateliers de cette entreprise établie depuis une dizaine d'années au port d'Azeffoun, les deux bateaux en coque de résine ont été présentés, jeudi, lors d'une cérémonie organisée en présence des cadres du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Selon le patron de Sakomas, Nor Benaoudia, ces deux bateaux, dont l'exportation était prévue initialement en mars 2020 avant d'être reportée en raison de la crise sanitaire qui avait induit la fermeture des frontières, seront acheminés dans les prochains jours par voie maritime vers la Mauritanie. "Cette première opération est déterminante car, en premier lieu, la Mauritanie est une porte vers l'Afrique et, en second lieu, dans ce pays voisin où sont également établis beaucoup de Sénégalais, on attend juste de voir la qualité de nos bateaux pour nous confirmer un programme d'exportation qui va s'étaler sur 5 à 10 ans", nous a confié M. Benaoudia, qui se dit confiant quant à la capacité de son entreprise à relever ce défi. "En une dizaine d'années d'existence, notre société, qui emploie 40 travailleurs, a gagné en expérience et a pu acquérir les compétences et le savoir-faire nécessaires qui lui permettent désormais de placer un produit suffisamment concurrentiel à l'international, notamment sur le marché africain", explique notre interlocuteur. Et de souligner que, depuis peu, la société s'est lancée dans la fabrication de bateaux de pêche en haute mer, à savoir les thoniers. "Depuis la mise en place de la nouvelle stratégie d'encouragement de la pêche hauturière, nous nous sommes lancés dans la fabrication de thoniers qui nécessitent une haute technologie. Le premier modèle de thonier de 34 mètres est en cours de fabrication dans nos ateliers d'Azeffoun, et il sera livré à son propriétaire algérien en avril 2023", explique M. Benaoudia, qui précise que les thoniers sont rares sur le continent africain, d'où l'opportunité de développer leur fabrication. Rencontré lors de la cérémonie, Amar Belassel, directeur central au ministère de la Pêche, a également exprimé sa fierté de voir une entreprise nationale exporter un bateau 100% algérien. "C'est un bon début et nous espérons que cela encouragera d'autres entreprises à se lancer dans l'exportation du produit algérien", a-t-il déclaré, rappelant que l'Etat a mis en place un système d'accompagnement efficace à cet effet. "L'Etat a mis à disposition des constructeurs navals de nombreuses mesures dont la diminution de TVA à 9% à l'exportation et le foncier nécessaire dans 14 wilayas, et pour renforcer cet accompagnement, nous sommes en train de préparer, pour cette année, un méga-atelier sur la sous-traitance car lorsque l'on parle de construction navale, ce n'est pas seulement la coque, mais aussi l'équipement annexé à ce navire, tel que la motorisation, le matériel hydraulique, électronique, tel que les radars, le GPS... La sous-traitance constitue la deuxième phase développée par l'Algérie", a expliqué M. Belassel, soulignant que l'Algérie compte 43 entreprises de construction navale, dont 3 étatiques. Concernant le plan de charge, notre interlocuteur précise que le parc naval algérien compte plus de 5 800 navires de toutes catégories, dont la moyenne d'âge dépasse les 20 à 25 ans, nécessitant donc un renouvellement et une réparation. Ce qui se faisait jusqu'à un passé récent à l'étranger et à coups de devises fortes.