Les résultats de cette revitalisation de l'entreprise algérienne dans la perspective d'une ouverture plus large du marché à une concurrence étrangère plus forte paraît bien maigre. Trois années après l'entrée en activité, en 2002, le processus de mise à niveau géré par Euro Développement PME semble, “bien fonctionner”, par rapport à celui géré par le ministère de l'industrie. Du moins, le bilan du programme euro Développement PME, rendu public lors d'une journée d'information, organisée hier à l'hôtel El-Aurassi, portant sur “la mise à niveau des entreprises dans le contexte de l'entrée en vigueur de l'accord d'association Algérie-UE”, en présence du ministre de la petite et moyenne entreprise et de l'artisanat, fait ressortir que des petites ou moyennes entreprises se sont déjà mises “en ordre de bataille” dont certaines avant même l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Le programme a réussi jusqu'ici à faire adhérer 553 chefs d'entreprise dans un processus de mise à niveau de leur société. Ces patrons sont parvenus ainsi à modifier leur comportement managérial et les techniques de gestion au sein de leur entreprise. Plus de 1 456 opérations ont été lancées à travers tout le pays. 484 actions de mise en œuvre ont été réalisées. 8 études et enquêtes ont été effectuées. Destiné aux PME du secteur industriel employant plus de 20 salariés, le programme EDPME a bénéficié d'un financement de près de 63 millions d'euros dont 57 millions d'euros provenant de la Commission européenne, 3,4 millions d'euros apportés par le gouvernement algérien et 2,5 millions d'euros représentant la contribution des entreprises qui bénéficient des prestations du programme. Mais malheureusement, cet effort n'a pas été restitué dans les débats. D'abord les chefs d'entreprise n'étaient pas nombreux, et puis les communications comme les questions se sont focalisées sur l'accord d'association, dont l'entrée en vigueur est consommée depuis le 1er septembre dernier. Les débats auraient pu être beaucoup plus intéressants s'ils avaient été recentrés sur la mise à niveau des entreprises. Cela aurait été plus instructif si les expériences des entreprises, qui ont mis en œuvre les actions de mise à niveau, avaient été abordées. Leurs réussites auraient pu constituer un encouragement aux autres entreprises encore réticentes à émarger au programme. La journée d'information a glissé dans l'institutionnel, alors que l'intitulé “La mise à niveau des entreprises dans le contexte de l'entrée en vigueur de l'accord d'association Algérie-UE” suggérait l'opérationnel. D'autant que le ministre a avancé le chiffre de 236 727 petites et moyennes entreprises au 1er semestre 2005. Le bilan de la mise à niveau de ce point de vue apparaît bien maigre. À ce rythme, le démantèlement tarifaire aura à la longue “achevé” beaucoup d'entreprises déjà fortement concurrencées sur leur propre marché, ou bien celles-ci verseraient dans l'importation, une activité moins contraignante que l'acte de produire. Le ministre de la Pme relève d'ailleurs, au 1er semestre 2005, que 25 633 sociétés interviennent dans le commerce extérieur. Le montant des importations réalisées par ces sociétés est estimé à 8,18 milliards, soit 77,08% du montant global des importations. En parallèle, 500 entreprises seulement exportent. D'où l'urgence d'une prise de conscience sur la nécessité de la mise en œuvre d'un vaste programme de mise à niveau, comme l'a suggéré à plusieurs reprises le forum des chefs d'entreprise dans ses différentes contributions adressées aux pouvoirs publics et qui, malheureusement, semble-t-il, sont restées “lettre morte”. Meziane Rabhi