RESUME : En l'espace de deux saisons, Mahmoud voit son père mourir puis sa mère de chagrin. La situation ne s'est point améliorée. Venus les réconforter, l'oncle et la tante de Rabiha sont surpris. Ils ne lui donnent pas raison… -Je n'en peux plus. Il profite de la moindre occasion, pour me frapper. Je refuse de rester dans la même pièce que lui. Je dors dans la pièce principale et je ferme à clef. Sa tante Aïcha n'en revient pas. - Et comment fais-tu pour le servir ? - Mayssa s'en charge. Elle est très adroite et elle est mon seul secours actuellement, dit Rabiha. Tu ne veux pas m'aider, alors que je suis à bout. Plus que jamais je me sens orpheline. Je n'ai personne pour me soutenir. - Qu'est-ce que tu veux vraiment ? Si on t'emmène, il faudra bien qu'un jour tu rentres chez toi, lui rappelle sa tante. Qu'as-tu l'intention de faire après ? - Je ne sais pas. J'ai l'intention de prendre un peu de recul. Je voudrais qu'il se calme, dit- elle. Je ne veux plus de ses cris et de ses coups. Un jour, il me tuera. Aïcha semble réfléchir. Elle pense comment régler le problème. Elle a une idée en tête. - C'est bon, j'accepte que tu viennes. Pour quelques jours seulement, la prévient-elle. Après tu rentreras et tu t'occuperas bien de ton mari et de ton foyer. On va attendre le retour de ton mari. - Pourquoi ne pas fermer et passer le prévenir de notre départ ? propose Rabiha. Je ne veux pas rester une minute de plus. - C'est bon, préparez-vous. Je vais parler à ton oncle. J'espère qu'il prendra bien les choses. À son mari, elle explique que Rabiha a besoin de prendre de la distance. La brusque perte de ses parents a changé son mari. Une séparation leur fera le plus grand bien. Moins d'un quart d'heure plus tard, ils partent. Ils passent au village et son oncle Salah se charge de le prévenir Mahmoud leur souhaite bon voyage. Toutefois, il veut savoir quand elles reviendront. - On l'ignore encore, lui dit Salah. - N'oubliez pas que je suis seul. Et que je suis incapable de me débrouiller. - Ne t'en fais pas. Elles te reviendront plus tôt que tu ne le crois, le rassure l'oncle en prenant place dans le taxi. À bientôt. Mahmoud ébouriffe les cheveux de sa fille qui se serre contre sa mère, nullement habituée à ce geste affectif. La peur de la petite n'échappe à personne. - Bonne route ! Le taxi démarre. Le voyage jusqu'au village frontalier dure plusieurs heures. Il est près d'une heure du matin quand ils parviennent à destination. En route, ils ont pris le temps de dîner dans un restaurant. Aïcha et Salah habitent seuls. Leurs enfants ont fait leur vie et sont installés à Annaba. Après une bonne nuit de repos et une grasse matinée, Rabiha se lève heureuse de retrouver son village natal. Il n'y a pas Mahmoud. Elle ne risque pas de recevoir un coup de béquille. Sa fille joue. Elle sourit. Cela lui arrive si rarement. Ce changement lui fera plus de bien qu'elle ne l'aurait cru. Dès le lendemain, sa tante Aïcha l'emmène chez la vieille Chérifa. Elle n'est pas voyante mais elle en sait très long sur les herbes et les plantes. Aïcha la met au courant sur sa situation et lui demande de l'aide. Au village, on la craint. Tous disent d'elle que c'est une sorcière. Les personnes désespérées s'adressent toujours à elle. Elle est très compétente dans son domaine. - Que veux tu vraiment ? - De quoi le calmer, dit Rabiha. Je veux qu'il me laisse en paix, qu'il ne me frappe plus, qu'il ne me demande rien. - Tu veux tuer tout désir en lui ? - Oui. Si je reste avec lui malgré tout, c'est à cause de la petite, lui confie-t-elle. Je ne veux pas faire d'elle une orpheline. Vous comprenez ? - Oui. Revenez dans une semaine, dit la vieille Chérifa. Tout sera prêt. Rabiha rentre, rassurée. L'espoir revient dans sa vie. Elle appréhende moins son retour. (À suivre) A. K.