Enseignants et étudiants interpellent la ministre sur la gravité, disent-ils, du marasme que vit l'ESBA. La situation n'est visiblement pas près de connaître son épilogue à l'école supérieure des beaux-arts (ESBA) à Alger, où les étudiants sont en grève depuis plusieurs semaines. Aidés par les enseignants qui, eux, sont en effervescence depuis le mois de juin déjà, les grévistes mettent sur le tapis un certain nombre de problèmes sociopédagogiques dont, entre autres, la question des diplômes et la refonte de l'enseignement artistique. Mais la principale pomme de discorde qui semble entretenir la tension reste incontestablement la nouvelle structure pédagogique dont la mise en place a été rejetée par Mme la ministre de la culture et de la communication. Selon des enseignants grévistes, Mme la ministre a remis en cause les engagements pris par le secrétaire général, le 2 octobre et par M. Saïd Tebbani, directeur central chargé de la formation concernant la mise en place de cette structure en concertation avec l'ensemble des enseignants de l'ESBA. “Rapportées dans les PV du 11octobre et du 13 décembre, ces décisions ont été cosignées avec la section Cnes de l'ESBA”, expliquent-ils. “Mme la ministre a remis en cause la composition de la nouvelle structure pédagogique dont les membres ont été désignés en toute démocratie et par consensus, lors de la réunion tenue le 17 décembre avec l'ensemble des enseignants et en présence de son représentant, M. Saïd Tebbani, officiellement mandaté pour gérer le conflit (note N°5037/SM/M/MC du 10 décembre 2005)”, disent-ils. Considérant que le choix décidé par la représentante de l'exécutif “hypothèque” l'avenir de l'ESBA et qu'il “ignore de fait la réalité” de l'école, les enseignants “dénoncent et condamnent” la mise à l'écart de la majorité des enseignants de la nouvelle structure pédagogique et la mise en application de la décision du 20 décembre 2005. “Ces enseignants, victimes, aujourd'hui, d'une politique d'apartheid pédagogique, ont donné le meilleur de leur vie pour la formation artistique en Algérie depuis 30 ans et ont assuré la sauvegarde de l'ESBA durant la crise politique et sécuritaire qu'a vécue l'Algérie ces dernières années”. Dans le même contexte, ils dénoncent le reniement du consensus et la mise à l'écart, selon eux, du seul docteur en histoire de l'art remplacé par une enseignante désignée à la tête du conseil pédagogique, celle-là même qui a reconnu son incapacité d'occuper un tel poste dans une école qu'elle ne connaissait pas encore, selon leur témoignages. Convaincu que seule une solution consensuelle peut ouvrir de nouvelles perspectives et que seuls le dialogue et le respect du choix de la majorité des enseignants permetteront de solutionner la crise, les grévistes interpellent Mme la ministre sur la gravité, disent-ils, du marasme que vit l'ESBA et rappellent, en guise de mise en garde, que le ministère “assumera seul l'entière responsabilité de la dégradation de la situation”. Karim K.