L'ancien vice-président syrien, Abdelhalim Khaddam, qui vit en exil à Paris, a réaffirmé, mardi, avoir l'“intime conviction” que le président Bachar al Assad avait donné l'ordre de tuer l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, lors d'une interview sur la radio française Europe 1. “Je suis sûr que la Commission d'enquête internationale va condamner M. Al Assad, car c'est lui qui est responsable de l'assassinat de M. Hariri”, tué dans un attentat à la voiture piégée en février 2005 à Beyrouth, a-t-il déclaré, selon une traduction simultanée en français de ses propos tenus en arabe. “Le peuple syrien va lui-même juger M. al Assad pour tous les crimes que lui, son clan, sa famille ont commis en Syrie”, a-t-il ajouté. Interrogé pour savoir s'il croyait que le président syrien avait directement donné l'ordre de tuer Rafic Hariri en février 2005, l'ancien responsable syrien a répondu : “oui, c'est mon intime conviction.” “Il avait des associés, son beau-frère, Assef Chawkat, et son frère, Maher al Assad”, a-t-il dit en dénonçant un “crime politique”. Renouvelant des accusations formulées fin décembre sur la chaîne al Arabiya, M. Khaddam a déclaré que “ce genre de décision ne pouvait être pris que par le chef de l'Etat”. “Il n'y a pas un officier de sécurité qui pourrait prendre une décision d'une telle ampleur”, a-t-il dit en soulignant avoir raconté cela à la commission d'enquête de l'Onu lors de son audition la semaine dernière. Il a de nouveau expliqué, lors de cette interview, avoir entendu Bachar al Assad, “très énervé, très en colère”, menacer d'“écraser quiconque” n'accepterait pas ses décisions au Liban. “Une fois, il (Bachar al Assad) m'a reçu et m'a dit : "j'ai convoqué Hariri et je lui ai dit qu'il complotait contre nous et qu'il travaillait avec les Français et les Américains pour installer (au Liban) un président opposé aux intérêts de la Syrie. C'est moi qui décide. Et j'écraserai quiconque irait à l'encontre de ma décision"”, a rapporté M. Khaddam. M. Khaddam, qui vit à Paris depuis sa démission de ses fonctions en juin, a, par ailleurs, réaffirmé que son objectif était la création d'un gouvernement d'union nationale. Le président syrien, que la commission d'enquête de l'Onu souhaite entendre, a toujours démenti toute implication dans ce meurtre. “Je suis un homme direct et franc et je ne sais pas ce que veulent dire certains en parlant de menaces (contre Hariri). Ceci n'est pas vrai”, a affirmé M. Al Assad dans un entretien publié dimanche dernier par l'hebdomadaire indépendant Al Asbouaa.