En réussissant l'émission d'un emprunt obligataire, piloté par le CPA et le bureau-conseil Strategica, d'un montant de 5 milliards de DA, Cevital est la première entreprise privée en Algérie à financer ses investissements grâce à ce moyen avantageux. Issad Rebrab a annoncé, hier, que le plan de développement 2005-2010 de son groupe prévoit des investissements productifs, créateurs d'emplois et de richesses de l'ordre de 90 milliards de DA. Cette initiative constitue un signal fort à l'adresse des opérateurs privés nationaux et étrangers pour qu'ils interviennent sur le marché financier algérien. Cevital a fait son entrée sur le marché obligataire en levant cinq milliards de dinars auprès d'investisseurs institutionnels. Ces fonds serviront à financer une partie de son plan d'investissement de plus de 90 milliards de dinars entre 2005 et 2010, l'autre partie étant financée principalement par les fonds autogénérés par l'entreprise. Pour cette émission obligataire, la firme Strategica a été le conseiller financier et le Crédit populaire d'Algérie, le chef de file. Il s'agit de la deuxième opération sur le marché obligataire pour le Crédit populaire d'Algérie, le CPA ayant été le chef de file pour l'émission obligataire de la Société de refinancement hypothécaire en juillet 2003. L'entreprise a émis, en deux tranches, des obligations à options intégrées. La première tranche est constituée d'obligations au coupon de 3,75% échéant dans 5 ans, encaissables par anticipation (“rétractables”) au gré du détenteur, à l'échéance de 3 ans. La seconde tranche est constituée d'obligations au coupon de 4,00% échéant dans 6 ans, encaissables par anticipation, au gré du détenteur, à l'échéance de quatre ans. Ces titres encaissables par anticipation sont adaptés aux dispositions fiscales algériennes, qui sont conçues pour encourager l'investissement à plus long terme. Les dispositions de la loi de Finances 2006 prévoient d'ailleurs le traitement fiscal particulier des obligations encaissables par anticipation. Ces titres ont été souscrits par les investisseurs institutionnels invités à présenter leurs offres à une séance d'enchères à la hollandaise. À ce type d'enchères, les investisseurs présentent des offres sous plis fermés et les soumissions aux taux de rendement les plus favorables pour l'émetteur sont retenues. Ainsi, bien que l'émetteur fixe le coupon attaché aux obligations, le taux de rendement des obligations est fixé par le marché. Ainsi, lors de cette émission, le taux de rendement moyen des titres émis a été de 3,67% pour la tranche de cinq ans “rétractable” à trois ans et de 3,80% pour la tranche de six ans “rétractable” à quatre ans. Les offres présentées dépassaient de 30% le montant de l'émission, indiquant l'intérêt du marché pour les obligations Cevital. Cevital, assistée par l'expertise en “Corporate Finance” de la firme Strategica, avait obtenu le visa de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) n°05-07 du 21 décembre 2005. Elle a, à cet effet, déposé une notice d'information qui contient toutes les informations qui permettent à l'investisseur de fonder son jugement sur la qualité de l'investissement. L'entreprise Cevital Cevital est un ensemble industriel intégré, concentré en première partie dans le secteur de l'agroalimentaire. L'ensemble industriel a connu, depuis sa création en 1998, une croissance importante et a consolidé sa position de leader dans le domaine agroalimentaire et entend poursuivre sa croissance et exploiter les synergies en poussant l'intégration des activités agroalimentaires et en développant des activités dans le secteur à fort potentiel de croissance du verre plat ainsi que dans la production de bâtiments préfabriqués en béton. Cevital a réalisé un chiffre d'affaires de près de 40 milliards de dinars en 2004 et un résultat net de 7,6 milliards de dinars. Pour les 10 premiers mois de 2005 (du 1er janvier au 31 octobre 2005) Cevital a réalisé un chiffre d'affaires de 42 milliards (TTC) et un résultat brut de 7,5 milliards de dinars. Au 31 octobre 2005, ses fonds propres finançaient 83% de ses actifs. D'après le classement 2006 des 500 plus grandes entreprises africaines publié par Jeune Afrique, l'Intelligent, Cevital est la 6e entreprise algérienne en termes de chiffre d'affaires. Si l'on considère comme critère de classement le résultat net plutôt que le chiffre d'affaires, Cevital se hisse au 4e rang des entreprises algériennes, juste après Sonatrach, Sonelgaz et SNTA. Toujours d'après Jeune Afrique, l'Intelligent, au classement africain des entreprises du secteur agro-industrie, Cevital est au 9e rang en termes de chiffre d'affaires. Si l'on considère comme critère de classement le résultat net plutôt que le chiffre d'affaires, Cevital se hisse au 3e rang après 2 entreprises sud-africaines. Le plan d'affaires de Cevital comprend des investissements de plus de 90 milliards de dinars entre 2005 et 2010. Une partie des investissements sont destinés à diversifier les activités dans le domaine agroalimentaire : — Intégration en amont : trituration des graines oléagineuses (tournesol, colza et soja) — Production d'aliments de bétail dont les intrants sont des sous-produits de la trituration, de la mélasse et des acides gras. — Intégration en aval : développement de la distribution — Acquisition des eaux minérales Lala Khadidja avec un plan de redressement gagnant (construction d'une unité de production moderne et nouvelle stratégie de commercialisation). Une autre partie des investissements consiste à développer des industries à fort potentiel de croissance : — Production de verre plat — Production de bâtiments préfabriqués en béton Un pas important dans le développement des marchés financiers Commentant cette opération, M. Ali Sadmi a déclaré : “L'emprunt obligataire d'aujourd'hui se veut une rupture de ce qui a été fait auparavant car, il s'agit, cette fois-ci, d'une entreprise privée. Je remercie M. Rebrab pour son courage d'avoir choisi le marché obligataire afin de financer son groupe. Ce n'est pas nouveau pour cet investisseur qui a d'ores et déjà relevé tant de défis plus importants. Il a pu briser le tabou qui caractérise ce marché marqué par l'existence uniquement d'entreprises publiques. Il est indispensable d'encadrer ce marché secondaire pour mieux le maîtriser. Il ne faut pas qu'il se développe en déconnexion avec le marché boursier. Les emprunts obligataires doivent être cotés en Bourse”. Le marché des obligations de sociétés s'est récemment considérablement développé, avec 22 titres sur le marché dépassant 100 milliards de dinars. Il s'agit d'un développement sain pour l'économie algérienne. Les entreprises, pour faire appel au marché obligataire, et ainsi bénéficier de conditions de financement avantageuses, doivent attester d'une bonne santé financière, et faire preuve de transparence en publiant toute l'information permettant aux investisseurs de fonder leur jugement sur la qualité de l'investissement. L'appel au marché permet un financement causé et transparent. Le risque lié aux titres émis est jugé par un ensemble de critères objectifs : le caractère de l'émetteur (qualité de gestion, risque du secteur d'activité…), la capacité de remboursement (évaluée principalement à partir des projections financières), la couverture de l'emprunt (garanties et sûretés attachées aux titres émis), les clauses du contrat d'émission (respect de certains ratios par exemple). La structure de l'emprunt est élaborée par une tierce partie, le conseiller financier, qui évalue la capacité de l'entreprise à aller au marché et conçoit le montage adapté à la situation de l'entreprise et aux conditions du marché (nature des titres, échéances, garanties, clauses du contrat d'émission). Le conseiller financier travaille avec l'émetteur pour déterminer la nature des informations que ce dernier doit publier pour que les investisseurs puissent fonder leur jugement sur le risque lié au placement. Il s'assure particulièrement que les informations sont complètes et adéquatement présentées. L'émission de titres obligataires négociables permet aux institutions financières de pouvoir gérer une partie de leur portefeuille d'engagements de façon dynamique. Les obligations émises étant négociables, les institutions peuvent les revendre à leurs clients ou les négocier entre elles selon les circonstances.