Le Chef du gouvernement, répondant, hier, aux questions des journalistes, en marge de la clôture de la session parlementaire, a indiqué qu'il développerait cet argument à la prochaine tripartite, ajoutant que “l'anarchie et la force ne régleront pas le problème des salaires”. “Les augmentations de salaires sont des revendications pressantes mais illégitimes”. C'est ce qu'a déclaré, hier, Ahmed Ouyahia, le Chef du gouvernement, à la presse à l'issue de la séance de clôture de la session d'automne du Parlement au Sénat. Son argument est que “cette revendication est intimement liée au degré d'inflation ainsi qu'au taux de la croissance économique”. “Si les richesses sont créées par les hydrocarbures, il est malvenu d'être aventureux sur ces richesses”, note-t-il encore en réponse aux sollicitations des journalistes. Se voulant insistant sur la démarche du gouvernement, Ahmed Ouyahia n'a pas manqué de fixer ses priorités en notant que “notre principale préoccupation est la résorption du chômage qui a atteint la proportion de 1,4 million de chômeurs”. Et de noter que “la loi de finances qui a ramené un argent considérable sera mis à profit pour la création d'emplois”. Le Chef du gouvernement, qui indiquera en outre qu'il développera les mêmes arguments à l'occasion de la tripartite, a néanmoins concédé que “l'augmentation salariale dépend de ce rendez-vous rassemblant le patronat, le gouvernement et l'UGTA”. Conscient des réactions que susciteront ses déclarations, le Chef du gouvernement avertira les syndicats, auteurs de revendications salariales que “l'anarchie et la force ne seront pas à même de régler le problème (des salaires)”. Commentant, en outre, l'adoption du projet de loi sur la prévention et la lutte contre la corruption, Ouyahia soulignera d'entrée que “ce projet de loi a été à l'origine d'une tempête dans un verre d'eau parce que la loi telle qu'elle a été adoptée, même amputée de l'article 7, garde toute son efficacité”. Et pour cause, dira-t-il, “l'article 36 de la loi confirme les sanctions pénales, que ce soit par l'emprisonnement ou par l'amende en cas de violation de la non-déclaration de patrimoine dans les délais prévus dans l'article 6”. Autrement dit, “pour tout le personnel qui intéresse particulièrement l'opinion publique à l'image des membres du gouvernement, des ambassadeurs ou des hauts cadres de l'Etat, ils sont dans l'obligation de faire leur déclaration de patrimoine au niveau de la Cour suprême qui est censée être publiée au Journal officiel”, précisera le ministre non sans demander aux journalistes de “suivre cette déclaration dans les faits”. Interrogé sur la possibilité de textes d'application promulgués pour pallier la suppression de l'article 7 de la loi, Ouyahia a nié catégoriquement cette éventualité, arguant que “la loi est d'une clarté absolue qui ne nécessite aucunement des textes d'application”. Interpellé également sur la levée de l'immunité parlementaire qui ne sera pas une attribution de l'Exécutif après le rejet de l'article 7, le ministre expliquera que “même si l'article 7 a été maintenu, la Constitution est claire par rapport à la levée de l'immunité parlementaire qui est une attribution du Parlement”. Les récentes déclarations de l'ex-”émir” de l'Armée islamique du salut (AIS) Madani Mezrag ont également suscité la réaction du Chef du gouvernement. S'adressant aux journalistes, Ouyahia s'est contenté de dire que “c'est vous qui en avez fait un événement. L'Etat ne tombera pas aussi bas”. NADIA MELLAL