“Au sein du gouvernement, nous ne divergeons pas sur la politique du président de la République, mais sur la manière de faire et sur la célérité de sa mise en œuvre car sur certains aspects, il y a des lenteurs. Nous sommes une équipe gouvernementale solidaire, mais pas un groupe monolithique, car il s'agit d'une alliance formée de trois partis avec des programmes différents ; mais pour ce qui est du programme du FLN, il ne diverge en rien avec celui du Président”. C'est ainsi que s'est exprimé, hier, Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN et néanmoins ministre d'Etat représentant personnel du président de la République, sur l'action du gouvernement lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège du parti à Hydra à l'issue d'une réunion du comité exécutif. Entouré des membres de cette instance présents au grand complet (Amar Saïdani, Saïd Bouhedja, Abdelkader Bounekraf, Salah Goudjil et Amar Tou), le secrétaire général du FLN a néanmoins récusé le qualificatif de “critique” de l'action du gouvernement, lui préférant le terme de “constat”. Où se situent les lenteurs en matière d'exécution du programme du Président ? “C'est pour cela que nous avons mis en place les groupes de travail ! C'est à travers eux que le FLN compte déceler de manière scientifique les choses, et c'est sur cette base que nous dirons à l'équipe gouvernementale voilà ce qui ne marche pas”, notera Belkhadem. Sollicité pour donner des exemples, le représentant personnel du Président citera la problématique de l'emploi et des salaires ainsi que la politique énergétique. Indiquant que la politique énergétique est actuellement confiée à un groupe de travail au sein de son parti, Belkhadem soulignera que cette étude porte sur une projection de 25 ans et vise les aspects liés à la couverture à long terme de la demande nationale en produits pétroliers et à l'investissement en matière des énergies renouvelables. Evoquant la problématique de l'emploi et des salaires, le patron du FLN a annoncé l'élaboration d'un rapport de soixante et onze pages qui se projette jusqu'en 2011. “Ce rapport émane d'experts et sera suivi par deux autres rapports”, dira-t-il en refusant de divulguer son contenu. Sollicité sur l'arrière-pensée liée à son élaboration, l'intervenant précisera que “nous faisons partie de l'équipe gouvernementale, mais cela ne nous empêche pas de dire là où ça ne marche pas comme sur les salaires ou sur tout autre question”. Par ailleurs, il considérera qu'il existe d'autres paramètres que les données macroéconomiques pour calculer la croissance, l'inflation et les salaires. Notant que ce débat est en cours au FLN, Belkhadem indiquera que “nous voulons sortir des autocontraintes à l'image du schéma du FMI où l'Algérie est obligée de suivre des recettes, nous voulons ébaucher nos propres recettes”. Enchaînant avec la politique salariale, Belkhadem dira qu'“il y a des gens qui disent qu'ils dépendent de la croissance et de l'inflation et il y en a d'autres qui disent qu'ils dépendent d'un panier d'indices, de même que nous pensons que l'Algérie dépense beaucoup (512 milliards de dollars) en matière de transferts sociaux plus que durant la période du socialisme”. Dans le même ordre d'idées, et tout en évoquant la loi de finances 2006 avec ses prévisions en matière d'inflation et de croissance, le leader du FLN lancera une interrogation : “Mais est-ce que croissance veut dire développement ? C'est la question que nous nous posons au FLN !” relèvera-t-il avant de souligner :“Nous sommes pour une économie de marché très adossée à une politique sociale.” Et c'est dans ce sens que le groupe de travail sur le dossier des privatisations organisera, mercredi prochain, une rencontre sur ce thème. Questionné, en outre, sur les mouvements de grève enclenchés dans plusieurs secteurs, Belkhadem dira :“Nous sommes pour l'apaisement et le dialogue car les grèves ont un coût important pour le pays.” Sur un plan organique, Belkhadem a annoncé l'installation de la commission d'enquête sur les tracts ayant circulé à la veille de la session de l'instance exécutive. Aussi annoncera-t-il la convocation du sommet de l'alliance présidentielle pour le 18 février prochain au siège du FLN. NADIA MELLAL