L'Entreprise nationale de l'industrie électronique (Enie) souffre d'un passif de dettes estimé à 12 milliards de DA. C'est un “endettement fictif” dont les dirigeants actuels ne sont concernés ni de près ni de loin, dira en revanche le PDG, M. Hazi. Les créances sont les conséquences de la dévaluation du dinar par rapport au dollars qui a commencé depuis 1994. Les nombreuses réclamations formulées à ce propos par la direction générale aux pouvoirs publics se sont avérées vaines. “Nous avons soumis un dossier aux autorités compétentes pour que ce passif soit assaini d'une manière définitive”, a-t-il affirmé. La réponse obtenue fait part de la création d'un fonds spécial qui prendra en charge ce problème. Hormis cette contrainte, l'Enie a l'air de bien s'en sortir si l'on tient compte des déclarations du PDG. Le bilan de l'année écoulée fait ressortir un chiffre d'affaires de 5,2 milliards de DA, soit une croissance de près de 10% par rapport à 2001. Les 275 000 téléviseurs vendus lui ont permis d'arracher environ 54% du marché caractérisé par un volume de 300 000 unités cédées en 2002. “Nous sommes leader sur le marché national”, soulignera-t-il. Le premier responsable avoue que son entreprise a réalisé une rentabilité économique certaine. La société a dégagé, selon lui, une valeur ajoutée évaluée à 2 milliards de DA, une enveloppe destinée à la rémunération de la main-d'œuvre, au capital (amortissement et frais financiers) et aux agios. “Depuis 5 ans, nous n'avons pas aggravé les dettes”, précisera le patron lors de son intervention au cours de la journée d'information organisée hier à l'hôtel El-Aurassi. Il a mis l'accent sur la maintenance non assurée par la majorité des opérateurs (importateurs et la dizaine de professionnels spécialisés dans le montage en SKD). Le PDG a attiré l'attention des clients quant aux produits vendus sous les marques Sony, JVC ou Grundig… Ces derniers, estime-t-il, n'ont vendu, en fait, que des kits montés par des opérateurs algériens. En termes plus clairs, la disponibilité de la pièce de rechange et des autres composants fait défaut. Or, chez Enie, promet-il, la problématique ne pourra se poser pendant 5 ans. L'entreprise a, cependant, pris la décision, on ne peut plus sévère, de ne pas accorder de crédits ou de facilités de payement à la clientèle. Les paiements se font cash depuis 4 ans. Le patron justifie cela à travers cette déclaration : “Nous avons des responsabilités sociales, des travailleurs à assumer.” Et d'ajouter : “Nous obtenons des prêts bancaires qui nous permettent d'acheter les matières premières. Il nous faut 6 mois pour fabriquer les composants qui constitueront nos produits tels que les transformateurs, les bobines et les haut-parleurs... Ainsi, le système de crédits au profit de nos clients ne nous arrange pas, car ce n'est pas rentable.” Une chose est certaine, a-t-il tenu à rappeler à la presse, “les crédits sont du seul ressort des banques”. Cette stratégie sera poursuivie à l'avenir par l'Enie puisqu'elle a apporté, indique-t-on, des résultats plus que satisfaisants. Par ailleurs, le partenariat de l'Enie avec la firme coréenne LG ne va pas, semble-t-il, dépasser le stade de la technique et de la technologie. La proposition des Coréens de créer un joint-venture n'intéresse pas l'Enie. Ils exigent que cette société à créer fonctionne uniquement avec 300 employés alors que l'entreprise nationale emploie quelque 4 000 personnes. La valeur ajoutée dégagée peut aider l'Enie, dira le PDG, à réaliser des investissements. B. K.