Annoncé en novembre dernier, le projet d'autonomie des territoires sahraouis sera soumis, lors des prochains jours, aux partis politiques marocains, alors que la diplomatie du royaume alaouite aligne les revers sur la scène internationale. Fidèle à ses positions visant à détourner, à chaque fois que la situation l'impose, le débat sur la question du Sahara Occidental, le Maroc s'apprête à associer ses partis politiques dans le projet d'accorder l'autonomie aux territoires sahraouis. “Après les consultations et les débats, et dans le cadre de l'unanimité nationale qui nous caractérise toujours, nous exposerons notre initiative”, a déclaré jeudi Nabil Benabdellah, le porte-parole du gouvernement marocain, à l'issue d'une réunion du cabinet. “L'initiative du Maroc vise à consacrer l'idée d'autonomie dans le cadre de la souveraineté du royaume”, a-t-il ajouté. Pour rappel, le souverain chérifien avait annoncé le 6 novembre sa décision de consulter les partis politiques “pour voir comment ils conçoivent concrètement l'exercice de l'autonomie dans le cadre de la souveraineté du royaume”. Il s'agit là d'une nouvelle tentative d'imposer le point de vue marocain à la communauté internationale à travers l'implication des différents acteurs de la scène politique locale. Cette initiative intervient au moment où le Maroc accumule les échecs diplomatiques et persiste à aller dans l'impasse. La diplomatie marocaine est vraiment déconcertante. En effet, bien que toutes ses campagnes fustigeant l'Organisation des Nations unies, l'Union africaine et tous les pays soutenant le droit des Sahraouis à l'autodétermination, n'ont abouti à aucun résultat concret, Rabat ne rate pas la moindre occasion de rendre l'Algérie responsable de ses déboires diplomatiques. La célébration à Tifariti, dans les territoires libérés par le Front Polisario, du trentième anniversaire de la création de la République arabe sahraouie démocratique, a été mise à profit par les médias marocains pour “dénoncer les provocations” algériennes. Alors que le Matin écrivait que “l'Algérie incite le Polisario à déplacer son infrastructure politique et les réfugiés de Tindouf à Tifariti”, l'Opinion insistait sur le fait que “l'implication de l'Algérie dans cette nouvelle escalade (...) est totale”, et que “Alger ne veut pas renoncer à sa volonté d'étouffer et d'affaiblir le Maroc”. Al Bayane affirme de son côté que “le Maroc ne saurait tolérer plus longtemps la violation de son territoire, à Tifariti”, et qu'il “est du devoir des autorités marocaines de faire preuve de plus de fermeté à l'égard de l'Algérie”. Anticipant le déroulement des festivités organisées par le Front Polisario, le gouvernement marocain avait adressé, à la fin février dernier, une lettre au secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Anan, pour “attirer l'attention des Nations unies sur la gravité des agissements des autres parties (...) et leur logique de provocation”. Ceci étant, la monarchie marocaine a enregistré un autre revers ces derniers jours avec le démenti de la Mission des Nations unies pour le Référendum au Sahara Occidental (Minurso), qui a remis en cause les allégations du gouvernement marocain selon lesquelles les Sahraouis vivant dans les camps de réfugiés ne jouiraient pas de liberté de mouvement. K. ABDELKAMEL