Chaque mois, voire chaque semaine, le départ des émigrants de la région de Annaba, à l'instar sûrement de ceux des autres wilayas du pays, en direction du Canada, sont annoncés ici et la. Mieux encore, aujourd'hui l'on signale que les candidats ne sont plus uniquement des grandes villes, mais sont issus de dechras et bourgs inconnus. L'ouverture d'un deuxième bureau à Annaba après celui du conseil juridique algéro-canadien (Bcjac) a été un encouragement de plus pour ces candidats… à l'aventure ? Que non, répondent les concernés. Un départ peut s'avérer une renaissance. La nouvelle donc de ces dernières années, par rapport aux précédentes, est également non pas des jeunes à la recherche de l'Eldorado, mais celui de familles entières qui prennent la destination du Canada et plus particulièrement le Québec, du fait de sa politique d'émigration. À titre individuel, en couple, avec ou sans enfants, fonctionnaires, étudiants, enseignants du primaire, professeurs d'université ou artistes, la liste est longue et leur niveau social n'est pas forcément déplorable. Ils viennent de tous les horizons, mais ils caressent le même espoir : “El hidjra” (l'émigration). Ainsi, à Annaba, l'heure n'est plus aux jeunes allant tenter leur chance sous des cieux plus gais, mais celle de gens qui se remettent en cause en abandonnant des situations plus qu'enviables. Ceux qui partent en familles, laissent postes de cadres supérieurs villas et autres biens de valeur. Ce sont, certes, des candidats classés “émigrants économiques”, mais ce sont des gens dont la situation “algériennement” parlant est plus que positive. C'est un droit affirment-ils. Ces candidats ne croient pas à “babor l'Australie” (bateau d'Australie), le port de Annaba étant trop exigu pour l'accueillir, ironisent-ils. Ils affichent parfois beaucoup d'optimisme. Ils savent aussi que la plupart de ceux qui se sont installés au Québec jusqu'ici ont pu le faire grâce aux services d'avocats rencontrés. rarement en Algérie et le plus souvent en tunisie. Aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué. Elles sont plus simples. Les candidats savent qu'ils peuvent recourir au Net. Plus besoin de payer des honoraires qui ne sont pas souvent à la portée de tous, principalement les jeunes en début de carrière. Les frais d'avocat ajoutés à ceux de dossiers fournis peuvent avoisiner les deux cent cinquante mille dinars, soit une année de salaires d'un cadre. Cela n'est, en effet, pas à la portée de tous. Or, en ayant recours directement aux sites du gouvernement du Québec, ils n'auront qu'à payer les frais de traitement de dossier, soit quelque 2 000 dollars canadiens. En somme, une candidature au départ au pays de Jacques Cartier n'est pas une mince affaire. Elle exige patience, persévérance et… sous. Beaucoup de candidats abandonnent d'ailleurs en milieu de course. Autre frein, depuis les attentats de septembre 2001, les délais ont été prolongés. De dix-huit mois, ils peuvent aller jusqu'à trente. Mais pour ceux qui sont décidés, rien ne les arrête. Ils iront jusqu'au bout du projet : rendez-vous à Montréal. Enfin, il est important de signaler que l'annonce d'un vol direct Alger-Montréal-Alger est un beau cadeau pour la communauté algérienne du Canada. Il l'est également pour les hommes d'affaires des deux pays. Prévu pour cet été, ce vol est également une aubaine pour ceux qui sont sur le point de mettre les bouts pour s'installer sur les abords de Saint-Laurent. B. BADIS