Qui a tué Milosevic ? Une chose est certaine, le TPI se trouve dans la mélasse pour avoir laissé mourir l'homme fort de l'ex-Yougoslavie, après un interminable procès de plus de cinq années. Le gouvernement serbe, qui craint un regain de violences nationalistes, a exigé un rapport détaillé du TPI, considéré comme responsable de sa disparition. Un médecin serbe participera à l'autopsie du corps de Milosevic trouvé mort dans sa cellule à La Haye. La controverse autour de sa disparition est d'autant plus vive que, de son vivant, Milosevic n'arrêtait pas d'alerter l'opinion internationale sur des tentatives de l'empoisonner. L'un de ses conseillers juridiques, Zdenko Tomanovic, a relancé l'accusation en remettant sur le tapis ces craintes dont lui faisait part l'ex-président yougoslave, sans indiquer si celui-ci avait donné des précisions sur ces tentatives. Tomanovic est même persuadé du parti pris du TPI en exigeant que l'autopsie ne soit pas conduite à La Haye mais à Moscou ! Le corps de Milosevic a été transféré à l'Institut médicolégal néerlandais (NFI) à La Haye et le TPI s'est refusé de commenter l'accusation et la suspicion de Tomanovic. Le TPI, qui s'est vu contraint de préciser qu'un examen toxicologique de la dépouille de Milosevic sera conduit lors de son autopsie, devait indiquer qu'il n'y avait pas de signe qu'il ait commis un suicide. Le tribunal a même avoué que, dans l'attente du rapport de l'autopsie, il s'interdit de dire que Milosevic est mort de mort naturelle ! Cette prudence ajoute de l'eau au moulin de ceux qui sont persuadés que l'ex-président yougoslave aurait été, purement et simplement, liquidé. Ceci étant, le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, n'a pas exclu que l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic se soit suicidé, un “ultime défi” lancé à la justice international, dans une interview dimanche au quotidien La Repubblica. “Il pourrait nous avoir lancé son ultime défi. Et s'il s'était suicidé ?” s'interroge Mme Del Ponte. Ses proches, s'ils ne partagent pas la thèse de l'assassinat, pointent du doigt le TPI accusé d'avoir négligé des avertissements sur son mauvais état de santé. Un groupe de médecins indépendants avait jugé Milosevic dans un état critique en novembre dernier. Son frère aîné, ancien ambassadeur de Yougoslavie en Russie, a, pour sa part, imputé l'entière responsabilité de sa mort au tribunal. Le TPI, déjà décrié pour sa gestion de l'après-génocide au Rwanda, en prendra encore pour son grade. D'une certaine façon, il aura contribué à tuer, à petit feu, Milosevic, avec un procès fleuve. D. Bouatta