Il était sans doute attendu : le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Boudjerra Soltani, un parti de la coalition présidentielle, n'a pas caché, hier, sa satisfaction après la libération des islamistes dont de nombreuses figures de proue, à la faveur des ordonnances pour la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion du bureau exécutif national du parti, tenu à Alger, le MSP a lancé même un appel aux “segments réfractaires et qui refusent cette charte”, allusion sans doute au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). “Nous appelons ceux qui refusent et ceux qui hésitent (…) parmi les combattants armés et autres pour intégrer ce noble processus (charte, ndlr) (…) afin de concrétiser la paix et tourner la page (…)”, note le MSP. Dirigé jusqu'il y a quelques mois par Hassan Hattab avant d'être destitué, le GSPC, affilié à Al-Qaïda, a refusé la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, plébiscitée par le peuple algérien le 29 septembre dernier. Récemment, il s'est singularisé par l'assassinat du lieutenant de Hattab, un repenti qui avait versé dans la promotion du projet du président de la République dans la région d'El-Oued, dans le Sud-Est algérien. La formation de Boudjerra Soltani ne manque pas d'ailleurs de dénoncer et de rappeler à demi-mot l'assassinat de ce repenti. “Nous condamnons la série d'assassinats qui continuent à viser les forces de sécurité, les citoyens et certains qui ont rejoint le projet de la réconciliation nationale.” Le MSP, dont l'ambition de récupérer la base du parti dissous n'est pas dissimulée, appelle même l'Exécutif à accélérer le processus de mise en œuvre pour, dit-il, mettre un terme “aux dossiers en suspens”. Dans le même contexte, il s'est félicité du retour de la diffusion de “l'adhan”, l'appel à la prière, à la télévision. À contre-courant, de l'avis du chef de l'Exécutif et du président de la République, même si la démarche participe par certains aspects de la surenchère, le parti islamiste du gouvernement propose une augmentation des salaires des travailleurs. Dans cette optique, il “attire l'attention de la tripartite” — dont la réunion est prévue, selon certaines sources, à la fin du mois en cours — sur les “conditions difficiles de certaines couches de la population”, ce qui explique, à ses yeux, “les mouvements de grève observés et les protestations”. Enfin, il appelle le ministre de l'Education et celui de l'Enseignement supérieur à engager le dialogue avec tous les syndicats agréés pour trouver les solutions adéquates aux problèmes posés par les travailleurs du secteur de l'éducation. KARIM KEBIR