Chassez le naturel, il revient au galop. Israël n'est pas près de faire la paix avec les Palestiniens. Son raid sur une prison de Cisjordanie est une provocation pour enflammer la Palestine et, partant, la région. La réaction des Palestiniens n'a pas tardé. Des violences ont suivi la mise à sac de Jéricho et l'enlèvement de prisonniers, notamment le successeur de George Habbache du Fplp, suscitant l'inquiétude du Conseil de sécurité de l'Onu qui a mis en garde Israël, lui intimant de revenir à la légalité. L'UE a également condamné l'attaque israélienne par la voix du président de son Parlement. Pour la presse du Moyen-Orient, le raid israélien est du “terrorisme sioniste en direct” que le monde regarde en silence. Le forfait d'Israël a d'autant plus de sens qu'il a été commis en violation d'un accord international garantissant la vie d'Ahmed Saadat, accusé par les Israéliens d'avoir assassiné leur ministre du Tourisme en 2001. Des Britanniques et des Américains assuraient sa protection jusqu'au début de l'opération israélienne. Israël n'a pas l'intention d'en rester là. Son armée, sa police et ses gardes frontières sont en état maximum depuis hier. L'opération a-t-elle été coordonnée avec Londres et Washington ? La question est d'autant plus pertinente que la secrétaire d'Etat américaine s'en est prise non pas aux Israéliens mais aux Palestiniens de qui elle exige de nouvelles concessions. Condoleezza Rice ordonne à Hamas, chargé de former le nouveau gouvernement palestinien, de “faire le bon choix” et de reconnaître, sans conditions, à Israël le droit d'exister. Or, Hamas, dont les discussions avec les autres parties palestiniennes sur la formation d'un gouvernement de coalition sont dans leur phase finale, tient à garder dans son panier ce dossier pour ne pas être enfariné comme l'avait été auparavant le Fatah qui, de concessions en concessions, avait fini par ne plus être considéré comme interlocuteur valable. C'est, du moins, ce qu'en dit Hamas et, certainement, la clef du succès de ce dernier aux législatives du 25 janvier. Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, n'a cesse de réaffirmer que son mouvement ne reconnaîtra pas la légitimité de l'usurpation. Le président Mahmoud Abbas a interrompu son périple européen pour regagner les territoires palestiniens. Abbas devait s'adresser au Parlement européen, hier, à Strasbourg, avant de se rendre à Bruxelles pour rencontrer le chef de la politique extérieure européenne, Javier Solana. D. Bouatta