Mettant en garde le nouveau Premier ministre israélien, Ehud Olmert, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré refuser toute une solution imposée, exigeant des négociations basées sur la légalité internationale. Les Palestiniens, qui attendent de voir comment Hamas va gérer leurs affaires, ont accueilli le nouvel échiquier israélien dans l'indifférence tout en demeurant pessimistes sur de vrais changements à venir, convaincus qu'avec Olmert ou un autre, l'occupation n'est pas près de prendre fin. Pour eux, les déclarations du nouveau maître de l'Etat hébreu envisageant une reprise des discussions avec le président Abbas ne sont que fuite en avant. D'ailleurs, Mahmoud Abbas s'est lui aussi résolu au pessimisme dès lors qu'Olmert a confirmé poursuivre la politique unilatérale de son sponsor Sharon. Le président palestinien, qui avait également mis en garde son gouvernement, aux couleurs de Hamas, en lui signifiant que les négociations de paix relevaient de sa compétence, prend à témoin l'opinion internationale dont il exige des pressions contre Olmert pour que celui-ci abandonne son intention de fixer sans concertation les frontières d'Israël et d'annexer ainsi une large partie de la Cisjordanie et revienne à la feuille de route internationale. Le Fatah, parti historique, qui a signé tous les accords de paix avec Israël, désormais dans l'opposition, fait écho aux mises en garde de Abbas. Le nouveau Premier ministre palestinien Haniyeh, qui a prêté, hier, serment devant le président Abbas, a prévenu lui aussi que les Palestiniens ne pourraient accepter de politique unilatérale, appelant Olmert à reconnaître les droits du peuple palestinien et à faire “des pas courageux” afin de permettre la création d'un Etat palestinien souverain, avec Al Qods pour capitale. Les Palestiniens, toutes formations confondues, s'ils restent prêts à une reprise des pourparlers, ce n'est donc pas pour discuter à partir du plan Olmert, mais sur la base de la légitimité internationale et du dernier plan de paix en date du quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies), la feuille de route, vue comme la seule alternative pour une paix acceptable. Les tractations pour la formation du prochain gouvernement israélien sont, cependant, suivies de près par les Palestiniens. Le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erekat, espère que l'alliance Kadima et travaillistes donnera un espoir à une solution négociée. En attendant, l'Occident accentue ses pressions sur Hamas, après Washington et l'UE, le Canada a décidé de geler sa contribution financière aux Palestiniens. La situation est préoccupante, les 130 000 fonctionnaires se retrouvent sans soldes et le spectre d'une guerre civile est loin de s'estomper. Haniyeh a promis de retirer les civils armés de la rue. D. Bouatta