A l'issue d'une réunion avec le chef du gouvernement espagnol, le secrétaire général des Nations unies n'a pas caché ses appréhensions concernant le contenu du projet marocain d'autonomie du Sahara Occidental. Confirmant qu'il allait présenter, avant la fin du mois en cours, un rapport sur l'évolution du conflit sahraoui, Kofi Annan a néanmoins indiqué qu'il attendait de recevoir le projet d'autonomie pour les territoires du Sahara Occidental, annoncé par le souverain marocain, pour pouvoir se prononcer. Il s'est interrogé si cette proposition contenait des dispositions suffisantes et conformes à ce qui est courant dans ce genre de dossier pour pouvoir constituer une base de négociations avec le Front Polisario. Le secrétaire général de l'ONU a affirmé qu'il présenterait des propositions de solutions, comme le lui a demandé José Luis Rodrigues Zapatero. Ce dernier a insisté, au cours de ses discussions dans la capitale espagnole avec Kofi Annan, sur le fait qu'il soutenait toutes les initiatives constructives à condition qu'elles n'imposent pas de solutions aux parties en conflit. De son côté, le chef de la diplomatie ibérique, Miguel Angel Moratinos, a déclaré que “le rapport de Kofi Annan ne doit pas se limiter à une analyse de la situation, mais doit formuler des propositions claires de sortie de crise qui ferait avancer le dossier vers une solution définitive”. Il a surtout mis l'accent sur la nécessité que “les possibilités de compréhension existent, mais il faudrait qu'elles respectent le droit à l'autodétermination des Sahraouis”. Ainsi, en sa qualité d'ancienne puissance colonisatrice, et responsable d'avoir fait échouer le plan onusien présenté par James Baker lorsque José Maria Aznar était au pouvoir, l'Espagne s'atelle à trouver en concertation avec les Nations unies une solution négociée. Quoi qu'il en soit, il y a peu de chances que le rapport de Kofi Annan puisse contenir le projet d'autonomie préconisé par Mohammed VI, du moment que ce document n'a pas encore été formalisé. En effet, les membres du fameux conseil sahraoui, installé par le monarque marocain pour soumettre des propositions à inclure dans le projet d'autonomie, ont entamé leurs premières réunions, il y a quelques jours seulement. Des sources marocaines avaient affirmé, il y a quelques jours, que le souverain chérifien avait différé ce projet à l'automne prochain, parce qu'il n'y avait rien qui urgeait dans le dossier. Il est clair, qu'il s'agit là d'une nouvelle opportunité de gagner du temps pour le Maroc, qui attend que les circonstances lui soient plus favorables. D'autres sources ont indiqué que le Maroc compte mettre à profit les prochains mois pour tenter de convaincre les puissances mondiales influentes de se ranger de son côté pour s'assurer le maximum de soutien et de l'aider à peaufiner son projet d'autonomie pour le Sahara Occidental dans le cadre d'une souveraineté marocaine. K. ABDELKAMEL