C'est un véritable défi que vient de lancer le régime de Mahmoud Ahmadinejad au Conseil de sécurité des Nations unies, qui lui avait accordé jusqu'au 28 avril prochain pour suspendre toutes ses activités nucléaires. Des réactions en chaîne ont été enregistrées après que le régime iranien eut annoncé officiellement la réussite de son expérience de l'enrichissement de l'uranium. Moscou, qui s'est tenu jusque-là aux côtés de Téhéran, a estimé que les autorités iraniennes s'engageaient “dans la mauvaise direction”, et les a appelées à suspendre l'ensemble de leurs activités nucléaires. “Nous espérons que l'Iran comprendra bien l'inquiétude de la communauté internationale et fera les pas nécessaires pour le respect”, a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe, Mikhaïl Kamynine. Même son de cloche du côté de Washington, qui a annoncé par la voix de Scott McClellan, le porte-parole de la Maison-Blanche, que l'annonce faisant état de la réussite de l'enrichissement de l'uranium par l'Iran “ne fait que renforcer les inquiétudes de la communauté internationale sur les activités nucléaires de la République islamique” et “isoler encore davantage cette dernière du reste du monde”. Selon lui, cette annonce “donne plus de poids à la communauté internationale pour agir de façon concertée”. “Voilà un régime qui doit créer un climat de confiance avec la communauté internationale. Au lieu de cela, il va dans la mauvaise direction”, a-t-il ajouté. “Si le régime continue à aller dans la direction qu'il prend en ce moment, nous discuterons de la marche à suivre avec les autres membres du Conseil de sécurité et l'Allemagne”, a également indiqué Scott McClellan. Refusant de parler pour l'heure d'éventuelles sanctions, il s'est contenté d'affirmer : “Nous parlerons des prochaines mesures avec le reste des membres du Conseil de sécurité et d'autres.” Paris estime pour sa part que les déclarations faites par l'Iran “sont plutôt un pas dans la mauvaise direction”, a déclaré, mercredi, le porte-parole du gouvernement français, Jean-François Copé. “Nous sommes dans la perspective d'un règlement diplomatique de cette affaire. Nous appelons l'Iran à respecter ses obligations et à se conformer aux demandes de l'Aiea et du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est vrai que, de ce point de vue, ces dernières déclarations sont plutôt un pas dans la mauvaise direction”, a déclaré le responsable français. L'inquiétude est réelle au sein des membres du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment les Occidentaux, qui estiment que rien n'empêchera à l'avenir l'Iran d'enrichir l'uranium à grande échelle. En effet, le fait que les Iraniens aient réussi à enrichir l'uranium à 3,5% atteste qu'ils ont acquis le savoir-faire nécessaire pour pouvoir le faire en quantité industrielle. Selon un diplomate étranger installé à Téhéran, “le véritable problème n'est pas celui du nombre de centrifugeuses, mais du savoir-faire”. “L'Iran a rejoint les pays nucléaires”, a déclaré le président Mahmoud Ahmadinejad, mardi soir, en conseillant aux autres pays de “reconnaître et respecter le droit de l'Iran”. L'enrichissement d'uranium est une étape cruciale de la filière nucléaire, car il permet de produire aussi bien du combustible pour alimenter une centrale que la charge fissile d'une bombe atomique. Cette annonce coïncide avec l'arrivée des inspecteurs de l'Aiea, et celle prévue aujourd'hui dans la capitale iranienne du directeur général de cette agence, Mohamed Al Baradei, pour s'assurer si Téhéran s'est conformé au contenu de la déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies lui enjoignant de suspendre l'ensemble des activités nucléaires. K. ABDELKAMEL