La localité de Zighoud-Youcef, située à l'est du chef-lieu de la wilaya a été décrétée, hier, ville morte. Tous les commerces sont restés fermés durant toute la journée. Mêmes les édifices publics ont baissé rideau. Alors que le mot d'ordre de la grève a été unanimement suivi, quelque 2 000 jeunes ont observé un sit-in en plein centre-ville. Ce mouvement de protestation est venu, selon l'un de ses animateurs, exiger la libération des détenus, répondre à la provocation des services de sécurité et exiger le départ des élus locaux, tous collèges confondus. En milieu de journée, le wali de Constantine s'est déplacé sur les lieux. Il tiendra un Q.G. de crise au siège de la daïra. Une marche s'ébranlera alors de la place de la mairie jusqu'au siège de la daïra, longeant la principale artère de la cité. Plus de 2 000 manifestants y ont pris part dans le calme. Une délégation composée de dix délégués sera reçue par le wali à qui une plate-forme de 15 points fut remise. Après trois heures de discussions, en présence du chef de daïra et d'un officier de la Gendarmerie nationale, un des délégués est apparu sur le perron pour présenter, à l'aide d'un mégaphone, les premiers résultats des palabres. Dans un premier temps, sur les 15 revendications, 7 ont été retenues. Il est question d'un engagement, à titre personnel, du wali pour trouver, dans le respect de la législation en vigueur, le moyen de libérer une quarantaine de détenus, la mise en place de deux commissions d'enquête, l'une pour auditer les différentes administrations accusées de bloquer le développement local et l'autre, pour vérifier la véracité des accusations portées contre les forces de l'ordre, jugées par certains délégués, responsables des dérapages de mardi et mercredi derniers. Par ailleurs, le wali, qui a compris le message, s'est engagé à suivre personnellement le travail des élus locaux, tous collèges confondus, qui semblent totalement discrédités par la population locale. Côté apaisement, les délégués ont reçu des assurances pour la non-délocalisation du marché des fruits et légumes et de l'hôpital qui sera doté de nouveaux équipements. Pour rappel, tout a basculé mardi dernier, soit la deuxième journée de la visite du président de la République dans la wilaya de Constantine. Un voyage qui, comme les 12 précédents, a exclu la localité. Ce fut le geste de trop que les citoyens ont jugé humiliant. La route, à hauteur de la RN3, fut alors bloquée. L'intervention des forces de l'ordre pour libérer cet axe routier névralgique, qui relie le nord-est et l'extrême est du pays au Centre fut brutale. Des échauffourées ont alors eu lieu. Jeudi dernier, le même scénario de violence a été reconduit sur fond d'interpellations. La population locale accuse les élus d'être derrière la déprogrammation de la visite du Président, en particulier, et des retards accumulés dans le développement local en général. En effet, par rapport au reste des villes de la wilaya, Zighoud-Youcef reste le parent pauvre. Pourtant, elle fut dans le temps le célèbre canton du Smendou. Mourad KEZZAR