Le liquidateur d'El Khalifa Bank a procédé à la convocation des personnes ayant bénéficié, gratuitement, de billets d'avion pour l'intérieur comme pour l'extérieur du pays. Ces bénéficiaires devront s'acquitter du prix de ce billet d'avion, “sous peine de poursuites judiciaires”. Les pouvoirs publics semblent déterminés à relever, comme le dit le procureur général près la cour de Blida, toutes les infractions liées à l'affaire Khalifa et à revoir, tant que possible, à la baisse le préjudice financier causé par cette affaire en récupérant des biens détenus pas des particuliers auprès du groupe de ce milliardaire en fuite. L'une des filiales de ce groupe visée par cette volonté des pouvoirs publics est le paiement par des particuliers des billets de l'ex-compagnie aérienne d'Abdelmoumène Khalifa. Le liquidateur d'El Khalifa Bank a procédé, selon une source au fait de ce dossier, à la convocation de personnes ayant bénéficié gratuitement de billets d'avion pour l'intérieur comme pour l'extérieur du pays. Le but est, ajoute cette source, de leur demander de s'acquitter du prix de ce billet d'avion. Ce liquidateur, qui accorde un délai aux personnes ayant bénéficié d'un ou de plusieurs billets d'avion de cette ex-compagnie aérienne pour se présenter “sous peine de poursuites judiciaires”, accorde un délai de paiement pour ceux qui se sont déjà présentés, selon cette source qui estime à 10 000 le nombre de billets d'avion “offerts gracieusement” par l'ex-Khalifa Airways. Ce sont, selon cette source, des billets offerts, gratis, pendant une durée de près de deux années. Le remboursement des prix de ces billets d'avion pourrait, ajoute la même source, représenter un équivalant avoisinant le 1 million de dollars. Un délai s'étalant jusqu'au 31 décembre de l'année 2005 avait été, auparavant, fixé par ce liquidateur aux personnes concernées pour se présenter. “Ceux qui ne s'étaient pas présentés pourraient être poursuivis en justice”, poursuit cette source. Des convocations avaient, selon cette source, commencé à être adressées dès le 1er janvier de l'année en cours, aux personnes concernées. Le patron de l'ex-Khalifa Airways avait été mis sous contrôle judiciaire par un magistrat instructeur près le tribunal de Chéraga, dans le cadre de l'enquête judiciaire sur l'affaire Khalifa. En découvrant sur son passeport qu'il avait effectué trois voyages vers l'Angleterre, ce magistrat l'a soupçonné d'avoir effectué ces voyages pour contacter ce milliardaire en fuite et l'a placé sous mandat de dépôt, selon une source proche de ce dossier. Au mois de novembre 2005, le liquidateur judiciaire de l'Eurl Khalifa Airways avait déjà mis en demeure “les personnes physiques et morales débitrices ou ayant bénéficié d'un quelconque avantage” de Khalifa Airways, et ce, que ce soit sous forme de prêts, de versements de fonds “sous quelque forme que ce soit”, de gratuité de passage (billets gratuits). Mais également toutes les personnes détentrices de biens meubles et/ou immeubles ainsi que de factures ou de créances impayées. Toute personne se trouvant dans ce cas de figure avait jusqu'au 31 décembre 2005 pour régulariser sa situation. Passé ce délai, le liquidateur avait annoncé son intention d'entamer des poursuites judiciaires à l'encontre des personnes qui n'auraient pas pris attache avec lui. À l'époque, l'on estimait que le liquidateur de la compagnie aérienne avait près de 5 000 billets gratuits à recouvrer, notamment pour des déplacements à l'étranger. Leur valeur était estimée approximativement à 1 million de dollars. Si le scandale Khalifa concerne en premier la banque éponyme, toutes les filiales du groupe sont concernées par les dérives qui ont conduit à la faillite d'El Khalifa Bank. Khalifa Airways n'y fait pas exception. D'autant que la compagnie aérienne doit plus de 52 milliards de DA à la banque. En dehors de l'affaire dite de “la caisse principale d'El Khalifa Bank” qui a été à l'origine du retrait d'agrément et de la liquidation de l'établissement détenu par Abdelmoumène Khalifa, le second dossier sur lequel travaillent les magistrats est le plus sensible. Il s'agit de l'affaire des “swifts”, ou plus exactement “des transferts de fonds vers l'étranger”. Cette affaire porte sur “l'ensemble des transferts, des dons, d'espèces ou, encore, de billets délivrés au profit de personnalités ou de responsables”. Cette affaire ne s'arrête pas seulement à El Khalifa Bank, mais s'étend également à Khalifa Airways. Le tribunal d'El-Harrach avait mis Khalifa Airways sous administration judiciaire à la demande de l'administrateur provisoire d'El Khalifa Bank en 2003. Un dossier spécial est consacré à Khalifa Airways dans le cadre de l'instruction judiciaire actuellement en cours concernant le groupe. Malek T.