Le grand argentier du pays vient de réussir le pari de ramener la dette extérieure algérienne à moins de 10 milliards de dollars d'ici à fin 2006. Un objectif qui devait être atteint au terme du second mandat du président Bouteflika. La vision du chef de l'Etat, sa ténacité sur la question ainsi que ses efforts diplomatiques auront donc payé. Le ministre des Finances et la délégation qui l'accompagnait ont donc cueilli à travers l'accord du Club de Paris le fruit du grand labeur mené depuis l'investiture du premier magistrat du pays pour réduire à sa plus simple expression la dette extérieure. Le problème de la dette extérieure qui a longtemps fragilisé l'économie nationale ne se pose donc plus. Dans cette affaire, l'Algérie y économisera annuellement beaucoup d'argent. Elle n'est plus dépendante par rapport à ses principaux créanciers. De nouvelles ressources sont, en résumé, dégagées pour le développement du pays et, en particulier, l'amélioration des conditions de vie des populations. Mais ce succès, qui sera bientôt consolidé par un accord avec le Club de Londres pour le remboursement des crédits rééchelonnés non garantis auprès des banques commerciales, est dû, ne l'occultons pas, à la poursuite de la flambée des prix du pétrole depuis 2000 qui a permis à l'Algérie d'accumuler d'importantes réserves de change et, partant, de pouvoir rembourser par anticipation l'essentiel du stock de sa dette extérieure. Si l'Algérie y gagne en crédibilité, il reste beaucoup à faire pour améliorer son image, tant les problèmes de gouvernance, de transparence et de répartition juste des richesses restent pendants. Quoiqu'un tel résultat, au demeurant très positif, entre à coup sûr à “l'actif de son bilan” ; n'oublions pas que le ministre des Finances est surtout attendu sur le front de la réforme du système financier. Un chantier vital pour l'économie nationale. Plus discret et plus efficace au plan communication que son prédécesseur, l'argentier du pays met en œuvre à l'évidence la réforme des banques à un rythme beaucoup moins lent. Pour preuve, le nouveau système de paiement qui garantit un traitement rapide et plus sécurisé des opérations bancaires vient de démarrer. Mais ce nouvel instrument de modernisation des banques, ne suffit pas, loin s'en faut, à résoudre les gros problèmes que vivent les banques publiques : le poids des créances non performantes, les interférences politiques, l' insuffisante capacité d'analyse des dossiers de crédit et les défaillances du contrôle interne. Ces difficultés sont telles qu'il est clair aujourd'hui que les banques secouées par de gros scandales ne jouent pas actuellement leur rôle de catalyseur de l'économie. Ou plus simplement d'intermédiation. L'argentier du pays semble avoir bien vu sur ce plan que la solution consiste à ouvrir le capital des banques publiques à de grandes banques internationales. Il s'attelle à ce que l'opération de privatisation du CPA soit “dénouée avant fin 2006”. Un premier remède à la crise que vit le système bancaire.Conséquence de la défaillance des établissements étatiques, le symposium d'El-Oued en centrant sa thématique sur la relation banque-entreprise pose de nouveau la lancinante question du difficile accès au crédit. Sur ce point précis, le P-DG de Cevital rappelle à juste titre que les fonds d'investissement à créer peuvent aussi aisément se substituer aux banques publiques, toujours malades de leur absence d'autonomie, ne serait-ce que pour la fonction d'allocation de prêts aux entreprises. N. Ryad.