L'organisme regroupant les créanciers publics a annoncé mercredi soir dans un communiqué, la signature d'un accord multilatéral prévoyant le remboursement de 7,9 milliards de dollars. Dans le sillage de l'accord multilatéral, des accords bilatéraux avec 15 pays créanciers devront être signés avant l'écoulement de l'échéance de remboursement, fixée au 30 novembre 2006. La France est le premier membre du Club de Paris à avoir souscrit aux termes du deal. 1,6 milliard de dollars lui seront restitués d'ici la fin du mois de mai. Grâce à l'embellie financière, engendrée par la flambée du prix des hydrocarbures, notre pays s'accorde même le privilège de s'acquitter de son dû par anticipation. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Club de Paris annonçait, dans un communiqué, la signature d'un accord multilatéral prévoyant le remboursement de 7,9 milliards de dollars. Ce montant constitue un peu plus de la moitié de la dette globale, évaluée à environ 15 milliards de dollars, selon la dernière estimation établie en février 2006. Parmi les 19 membres du Club de Paris, 16 pays (l'Allemagne, l'Italie, la France, les Etats-Unis, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse) lui doivent de l'argent sous forme de dettes publiques. L'Italie (créancier n°1) et l'Allemagne se distinguent par l'application de taux d'intérêt onéreux (entre 7% et 11%). Le coût de ces déperditions est justement le motif qui a conduit le gouvernement algérien à précipiter le remboursement de sa dette. Le 15 mars dernier, il introduisait une demande pour l'ouverture de négociations avec le Club de Paris. Cette invite ayant été acceptée, Mourad Medelci, ministre des Finances, accompagné d'une forte délégation, dont Mohamed Lakcaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, s'est déplacé, mercredi dernier, dans la capitale française pour conduire les pourparlers. La célérité avec laquelle le cercle des créanciers a donné son feu vert a transformé les négociations en une pure formalité. Pour cause, l'Algérie n'est plus ce pays incertain que l'instabilité politique et le déclin économique ont discrédité aux yeux du monde. “La communauté des créanciers a repris confiance en l'Algérie”, observe M. Xavier Musca, président du Club de Paris. Dans une déclaration à l'APS, à l'issue de la signature de l'accord multilatéral, il expliquait la raison de ce regain de foi en notant que notre pays mène “une politique de réformes courageuses et a su mieux utiliser la balance des paiements que cette politique lui procure”. Aussi, voit-il l'accord comme “un accélérateur à sa politique de désendettement”. Parmi les créditeurs, la France en tant que membre de l'instance dirigeante du Club, a joué de son influence pour que la demande de l'Algérie soit acceptée. Son forcing ne s'est pas arrêté là. Elle a montré l'exemple en étant le premier Etat à signer un accord bilatéral avec l'Algérie sur le remboursement de sa partie de la dette. Aussitôt après l'aval du Club de Paris, Mourad Medelci et son homologue Thierry Breton ont convenu ensemble des clauses de cet accord prévoyant la restitution par la France de la globalité de ses créances à hauteur de 1,6 milliard de dollars d'ici au 31 mai. Le Club a arrêté un calendrier stipulant que “les opérations de remboursement anticipé se dérouleront, sur une base volontaire, entre le 31 mai et le 30 novembre 2006, après la signature des accords bilatéraux”. Mais d'ores et déjà, la disposition des créditeurs à parapher ce genre de pactes est affichée. Outre la France qui est passée à l'acte, l'Italie entend le faire “le plus tôt possible”. C'est en tout cas ce sur quoi le représentant de ce pays s'est engagé auprès de notre ministre des Finances. “Beaucoup de pays n'attendront pas le 15 juin”, assure Mourad Medelci. Comme pour le Club de Paris dans son communiqué, “le rétablissement de la situation financière de l'Algérie au cours des dernières années” est une caution aux yeux des différents créanciers, qu'ils soient des Etats ou des institutions financières. Les dividendes sont probants. En 14 mois, la dette extérieure est passée de 21,5 milliards de dollars à 15,5 milliards. En 2003, elle était à 23 milliards. Depuis les années 80, bien avant l'opération de rééchelonnement en 1994 et en 1995, notre pays s'est acquitté d'un montant de 117,5 milliards de dollars, dont 84 milliards dans le cadre du remboursement principal et 34 milliards sous forme d'intérêts. Dans quelques jours, des négociations avec le Club de Londres devront se tenir. L'Algérie doit à ce cercle de créanciers, spécialisé dans la gestion des crédits commerciaux sans garantie, 1 milliard de dollars. À ce jour, les démarches entreprises depuis deux ans, dans le cadre du remboursement anticipé de la dette multilatérale, ont conduit à l'effacement graduel de l'ardoise auprès de la Banque africaine de développement (grâce à la restitution du montant de 12 crédits). 22 crédits contractés auprès de la Banque mondiale ont été également remboursés. “À ce rythme de désendettement, le stock de la dette devrait atteindre à très court terme un seuil de moins de 10% de nos réserves de change”, promet le ministre des Finances. Selon des prévisions optimistes, la dette sera épongée avant 2009, le délai préalablement arrêté. Depuis une année, l'Algérie ne contracte plus aucun crédit. Thierry Breton bientôt à Alger Le ministre français de l'économie et des Finances se rendra bientôt en Algérie à l'invitation de son homologue algérien. Dans une déclaration à la presse, il a indiqué que son déplacement sera mis à profit pour renforcer le partenariat bilatéral dans les secteurs de l'énergie et de l'automobile. Afin d'attirer les investisseurs hexagonaux, Mourad Medelci, de son côté, préconise qu'ils soient mieux informés sur les potentialités du marché algérien et des avancées en matière d'ouverture économique, à partir de chez eux. SAMIA LOKMANE