Après cinq mois d'âpres négociations et de paralysie politique, l'Irak doit, sauf nouvelle surprise, se doter aujourd'hui du premier gouvernement légal de l'Irak post-Saddam. Le Premier ministre désigné Nouri al-Maliki pourra alors présenter son gouvernement d'union nationale pour investiture au Parlement. Le 15 décembre 2005, les Irakiens ont élu le premier Parlement depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, suscitant de nombreux espoirs. Mais les institutions politiques ont ensuite été paralysées pendant de longs mois, devant les tergiversations des uns et des autres et face à la guerre civile qui fait rage. L'Alliance unifiée irakienne (AUI), le bloc chiite conservateur qui a remporté les élections avec 128 sièges sur 275, a d'abord souhaité renouveler au Premier ministre sortant Ibrahim Jaâfari, chef du Dawa, le plus ancien parti chiite. Mais le choix a été rejeté par la coalition kurde, arrivée en deuxième aux élections (53 sièges) et les sunnites (dont les deux listes ont obtenu 55 élus). Jaâfari, lâché par les siens, a fini par céder le 20 avril et deux jours plus tard, le Parlement a réélu le Kurde Jalal Talabani à la tête de l'Etat, et celui-ci a désigné Nouri al-Maliki, le numéro deux du Dawa pour former le gouvernement. Maliki s'est aussitôt attaché à former son gouvernement, qu'il a souhaité le plus large possible, conformément aux vœux de Washington. Il dispose jusqu'au 22 mai pour présenter son équipe. Il lui reste à nommer les titulaires de l'Intérieur, de la Défense et du Pétrole dont les postes sont au cœur du débat entre listes chiite, kurde, sunnite, laïque. Le nouveau gouvernement serait composé d'une trentaine de ministères, avec 17 postes pour l'AUI, la coalition kurde obtiendrait cinq postes, la liste du chiite laïque cinq, le Front sunnite de la concorde quatre et la liste de sa dissidence trois. D. B.