Les familles des détenus de l'affaire Khalifa n'en démordent pas. À l'instar de leurs proches en grève de la faim depuis 11 jours, elles continuent à faire pression sur les pouvoirs publics afin de leur faire obtenir la liberté provisoire et accélérer la tenue du procès. À cet égard, elles comptent tenir un sit-in ce matin devant le siège de la chancellerie. “À chaque fois que nous frappons à une porte, on nous demande d'aller voir plus haut”, relatent les familles déroutées. Jeudi dernier, elles ont été empêchées par la direction de la maison d'arrêt d'El-Harrach de voir les emprisonnés. Des agents leur ont appris qu'ils ont été sanctionnés et mis en isolement. “Le directeur a refusé de nous recevoir”, confie la mère d'un des détenus. Depuis mercredi, les familles n'ont plus de nouvelles. Les avocats ont été les seuls autorisés à s'entretenir avec les incarcérés. Ils ont constaté la dégradation de leur état de santé. Un des détenus a le diabète et un autre est cardiaque. Traumatisées par le décès en février dernier de Mohamed Lazhar Aloui, ex-directeur de Khalifa Bank, elles réclament l'intervention urgente des pouvoirs publics. “Je sais qu'ils (les détenus) ne reculeront pas”, soutient l'épouse de l'un d'eux. Parmi les 400 personnes impliquées dans l'affaire Khalifa, les 5 grévistes de la faim d'El-Harrach sont les seuls en détention préventive (depuis 15 mois), les autres ayant été laissées en liberté provisoire ou mises sous contrôle judiciaire. Ce traitement différent reflète, aux yeux des familles et des avocats de la défense, une justice à deux vitesses. “Pourquoi applique-t-on la loi à certains et pas à d'autres ?” contestent-ils unanimes. Pis, alors que l'instruction concernant les incarcérés s'est achevée, ils doivent patienter en prison jusqu'à ce que les dossiers des 400 autres inculpés soient ficelés par le parquet de Chéraga, dépendant de la cour de Blida. Le chef de cette juridiction avait annoncé que le procès aura lieu en juillet. Ce qui paraît peu probable compte tenu de la longueur de la procédure. S. L.