C'est un des auteurs du rapt, le 14 mai dernier, qui a emmené les enquêteurs au lieu où a été abandonné le corps sans vie du petit Ali Hadjar. Alors que toute la population se réjouissait de la réussite de la grève générale et du rassemblement populaire initiés en guise de solidarité et de mobilisation, la nouvelle de la mort du petit Ali est tombée tel un couperet dans l'après-midi d'hier. Aussitôt, des centaines de personnes se sont rendues sur les lieux du crime pour assister au repêchage du corps du chérubin par les éléments de la Protection civile. Nous nous rendîmes également à l'endroit, non loin du lieu du rapt de l'enfant le 14 mai dernier. L'émotion était indescriptible. En effet, c'est l'un des ravisseurs, passé aux aveux et arrêté avant-hier, qui a conduit les services de sécurité vers ce puits situé à une encablure du village. Pendant que les éléments de la Protection civile remontaient à la surface le corps sans vie du petit Ali, la foule était furieuse et criait justice, particulièrement des membres de la famille Hadjar. “Pourquoi s'en prend-on aux enfants ?” ou encore “C'est monstrueux, crapuleux, ce sont des barbares ; qu'ils soient condamnés à mort !” clameront certains citoyens. Il faut dire que le présumé meurtrier a été illico presto retransféré vers la prison par les services de sécurité après leur avoir indiqué le macabre puits, de peur d'un lynchage public. Le climat était excessivement tendu, surtout que personne n'arrivait à cerner le mobile du crime. La petite victime, enfant unique d'une modeste famille, était appréciée de tout le monde pour sa gentillesse : “Son papa, un vieil émigré, est actuellement hospitalisé en France bien avant le rapt. Il paraît qu'il n'est même pas au courant. Comment l'informer et comment surtout le consoler alors que son petit Ali représentait pour lui la prunelle de ses yeux ?” dira un instituteur de l'école d'Agouni-Boufal. Le domicile des Hadjar était hier soir plein à craquer. Des messages de condoléances et de soutien arrivaient de partout. Au village, les camarades du petit Ali et ceux de son club de football de l'Irbet sont sous le choc et profondément traumatisés. Les populations des régions voisines sont, elles aussi, indignées et consternées par ce drame, et on appelait de partout pour suivre la situation et ses développements. Par ailleurs, il convient de rappeler que la daïra de Maâtkas n'est toujours pas dotée d'un siège de sûreté. “La sûreté de daïra est toujours en chantier. Qu'on accélère les travaux ! La Constitution garantit la sécurité des citoyens et de leurs biens ; alors où est l'état ?” dira un membre du comité de village d'Agouni-Boufal. En somme, ce drame a suscité un véritable climat de psychose surtout que personne n'a rien compris du mobile du crime. “Plus jamais ça !” clament de nouveau des citoyens. Le paroxysme est à son comble. La douleur de la famille et de toute la population téninoise était incommensurable ! “Trop, c'est trop !” Signalons, enfin, qu'après l'arrestation des ravisseurs, l'enquête suit toujours son cours pour déterminer les circonstances exactes de cet acte crapuleux. L'enterrement du petit Ali aura lieu probablement demain ou après-demain. M. O.