Le lourd ciel d'Alger, entretenu pendant des jours par des bribes d'informations sur l'éventuel successeur d'Ahmed Ouyahia, dont le départ était quasiment acquis au vu de son attitude boudeuse une semaine durant, n'a pas été favorable aux pronostics des uns et des autres. En effet, à la très attendue surprise de la nomination d'un technocrate “incolore et inodore” pour gérer un gouvernement des élections législatives de 2007, qui serait consensuelle, quoique répondant d'une certaine manière à une revendication du MSP, les bookmakers politiques algériens ont été surpris autrement par la nomination du chef du FLN en remplacement d'Ouyahia. Pourtant, chaque jour, durant deux semaines au moins, un nouveau nom est avancé, accrédité d'atouts et de liens subjectifs favorables au Président et à son entourage. Le premier à tenir tout au long de ces deux longues semaines a été, sans conteste, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau et néanmoins directeur de campagne du candidat Bouteflika en 2004. Le parcours et le profil plaident en faveur de cette nomination, somme toute logique pour ce “plus sympathique” des ministres. L'ancien ministre de l'Intérieur et des Transports a l'avantage de ses bilans que d'aucuns estiment positifs dans tous les secteurs qu'il a eu à gérer. Ajoutée à cela sa proximité avec le président Bouteflika. Ainsi son nom a survécu à toutes les rumeurs qui ont suivi donnant d'autres noms, éphémères comme les papillons du même nom qui ne vivent qu'un jour. Cela a été entretenu de telle sorte qu'il était pour beaucoup le futur “certain” chef du gouvernement. Dans le sillage des hommes proches du Président, on ajouta celui du ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. Le garde des Sceaux bénéficie, entre autres, de l'appui de l'ancien président Ahmed Ben Bella qui aurait insisté auprès de Bouteflika. Pourtant, le même portrait qu'on dresse de lui comporte une case “défavorable” où l'on consigne au moins sa dernière maladresse. On retiendra qu'il a justifié la libération de terroristes pas concernés par les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale par une erreur d'appréciation des juges ; juges de la commission qu'il est censé présider. Suivra par la suite Chakib Khelil avec une mise en avant comme facteur défavorable son penchant “américaniste”. Un penchant qui le pousserait à des choix pro-américains, contredisant la stratégie de diversification des partenaires de l'Algérie. On avança, dans cette lancée savamment entretenue par le suspense et le silence d'Ouyahia, le nom de Karim Djoudi, le ministre délégué chargé de la Réforme bancaire. Le plus discret et le moins médiatique des ministres n'avait cependant pas une chance de driver une équipe rodée et rompue à la politique. La liste des personnages publics a été clôturée par Abdellah Baâli, diplomate et ambassadeur de l'Algérie à l'ONU, poste qu'il a récemment quitté. Son agenda international plaide, certes, en sa faveur, mais M. Baâli demeure un inconnu et sans référence gouvernementale. Il était plutôt dans l'autre catégorie de profils, celle du technocrate devant être chargé de préparer les législatives de 2007. Neutre, indépendant et non partisan, ce qui sied parfaitement au MSP et éventuellement pourrait agréer le FLN, mais, le hic est qu'un gouvernement de technocrates n'arrange pas le Président et son programme qui nécessite une équipe de tâcherons pouvant achever le chantier au plus tard en 2009. Djilali B.