Le rendez-vous que Moubarak s'entête à vouloir organiser sera l'occasion rêvée pour certains de déballer le linge sale, d'où le risque de batailles rangées entre les pro-Américains et les partisans d'un désarmement pacifique de Bagdad. Selon un responsable de la Ligue arabe, qui a requis l'anonymat, seize pays arabes sur les vingt-deux que compte l'organisation ont donné leur accord pour prendre part au sommet convoqué par Moubarak pour samedi prochain. Il ne resterait que la réponse des six autres, dont les pays du Maghreb, pour que tous les Etats soient représentés. Cependant, l'adoption d'une position arabe commune sur la crise irakienne relève apparemment de l'impossible, tant le président égyptien éprouve les pires difficultés à convaincre ses homologues arabes à participer à cette rencontre. Il recherche une présence de très haut niveau, chose encore incertaine, pour donner davantage de crédibilité à cette rencontre. Pour éviter toute fuite de responsabilité, l'Egypte fustige, par l'intermédiaire de son chef de la diplomatie, les parties qui tentent de faire capoter son initiative. “C'est une tentative que l'Egypte n'accepte pas, car les conditions ne permettent pas de retard”, a affirmé le ministre égyptien des Affaires étrangères. M. Maher a accusé des pays arabes, sans les nommer, de vouloir se dérober à leurs responsabilités dans la recherche d'une solution pacifique à la crise irakienne. “Le prétexte de ceux qui disent que le temps manque est inacceptable, surtout si ces pays veulent assumer leurs responsabilités”, a lancé le diplomate égyptien en direction de ceux qui avancent l'argument du délai réduit pour organiser un rendez-vous d'une telle importance. La cacophonie entre les dirigeants arabes est telle que même la date déjà fixée par le raïs égyptien et l'émir de Bahreïn, pays devant accueillir ce sommet ordinaire initialement prévu pour le 24 mars, est remise en cause par le ministre libanais des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, qui avait présidé la houleuse réunion des pairs arabes le 15 février dernier au Caire. Ce dernier affirme pour sa part que “la date du sommet ordinaire n'a pas encore été fixée”. “Certains chefs d'Etat sont d'accord pour tenir le sommet le 1er mars, mais les contacts et les consultations se poursuivent encore pour fixer sa date finale”, soutient-il dans une déclaration au quotidien cairote El-Ahram. L'interférence du diplomate libanais dans les consultations pour l'organisation du sommet arabe alors que son rôle devait se limiter à la présidence de la précédente réunion des ministres des Affaires étrangères démontre, on ne peut mieux, l'ampleur de la divergence d'opinions et d'intérêts surtout parmi les dirigeants arabes sur la question irakienne. Ceci dit, l'ordre du jour de ce conclave n'est toujours pas connu parce que l'inscription de la seule crise irakienne ne satisfait pas certaines parties. Il est question de rajouter la situation dans les territoires autonomes palestiniens pour donner une autre dimension à ce rendez-vous et satisfaire les caprices de ceux qui refusent de se rendre à Charm-El-Cheikh pour discuter de l'Irak seulement. De toute manière, la réunion du Caire a de fortes chances d'être transformée par certains en une séance de règlement de compte. L'exemple de la rencontre des chefs de la diplomatie, incapables d'aboutir à un ordre du jour ou à une date du sommet extraordinaire souhaité par l'Egypte, est encore vivace dans les esprits. K. A.