Le président français a éludé une question sur sa position par rapport à la crise de Kabylie. Il y avait du monde, hier après-midi, à la conférence de presse de Jacques Chirac. Plus de 200 journalistes dont une majorité de Français se sont amassés dans le hall du Palais des nations pour écouter les éclairages de l'invité de Bouteflika. Dans une déclaration liminaire, ce dernier a repris les grands axes de son discours prononcé dans la matinée devant les parlementaires. La refondation des relations bilatérales, le partenariat exceptionnel et l'engagement de la France à soutenir l'Algérie, ont été les maîtres mots de son plaidoyer en faveur d'une nouvelle ère dans les rapports entre les deux pays. Pourtant, dans ses réponses aux questions des journalistes, Chirac a été parfois évasif, souvent diplomatique et rarement convaincant. Morceaux choisis : Visas : Tout en estimant que l'Algérie est le seul pays au monde dont les citoyens obtiennent le plus grand nombre de visas, le président français n'a pas annoncé une éventuelle mesure de facilitation pour l'octroi de ce document, à l'exception de l'assouplissement des démarches administratives avec notamment le transfert prochain des services des visas de Nantes aux différents consulats. Lutte contre le terrorisme : “Nous sommes tout à fait déterminés à éradiquer le terrorisme”, a, en effet, promis Chirac, qui parle d'une coopération accrue avec l'Algérie surtout dans le domaine du renseignement. Cependant, il n'a pipé mot sur la vente des armes à l'Algérie, signifiant ainsi que l'embargo est toujours de mise. Crise de Kabylie : Au sujet de la lettre que les délégués des archs lui ont adressée, le chef de l'Etat français, qui ne voulait visiblement pas froisser son hôte Bouteflika, s'est contenté de promettre qu'il lirait le document, tout en s'excusant de ne pas pouvoir recevoir ses auteurs en raison d'un “emploi du temps chargé”. Les disparus : Chirac a confirmé que ses collaborateurs ont reçu une délégation du collectif des familles des disparus à l'Elysée. Il a, par ailleurs, révélé en avoir discuté avec son homologue algérien. Contentieux algéro-marocain : “Je n'ai pas pour vocation de faire de l'ingérence ni dans les affaires algériennes ni dans les affaires marocaines ni encore dans les affaires algéro-marocaines”, a-t-il répondu à une interrogation sur la rumeur faisant état de sa médiation entre les deux voisins maghrébins. De la même manière, il dément avoir tenté d'organiser un quelconque sommet entre Bouteflika et le roi Mohamed VI. “Ils sont tout à fait en mesure de prendre des initiatives, et ils n'ont besoin de personne”, a-t-il dit. A propos du conflit au Sahara occidental qui empoisonne les relations entre le Maroc et l'Algérie, Chirac s'est limité à cette formule sibylline : “C'est un problème interne”. Guerre contre l'Irak : “Nous sommes opposés à une résolution qui autorise le recours à la force”, dira Jacques Chirac, affirmant que le désarmement du pays de Saddam Hussein est la seule préoccupation de la France et de l'ONU. H. M. / S. L.