Le président brésilien a obtenu son second, mandat mais il doit s'attaquer plus sérieusement à la pauvreté qui, paradoxalement, s'est aggravée dans un Brésil émergent. Le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva a été réélu triomphalement au second tour de l'élection présidentielle avec plus de 60% des voix. L'ancien ouvrier métallurgiste, comme il se plaît lui-même à le rappeler, doit son second ticket aux déshérités auxquels il a promis sa préférence durant ce nouveau mandat. Dans son discours de remerciement aux électeurs, dans un hôtel de Sao Paulo, le président brésilien a indiqué qu'il continuerait de gouverner pour tous mais que les pauvres auront la préférence dans son prochain gouvernement, annonçant qu'il mènerait une politique budgétaire dure. Selon lui, la solution des problèmes du Brésil réside dans la croissance de l'économie et surtout dans la distribution des revenus. Lula a reçu, semble-t-il, le message de ses électeurs qui ne l'ont fait passer qu'au deuxième tour. Le ballottage du 1er octobre contre son rival carrément populiste a été un avertissement contre les dérives de sa première gouvernance entachée de nombreux scandales tels l'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT), intervenu en pleine campagne électorale, ou encore les affaires de corruption. Les classes moyennes, elles, devaient dénoncer la faible croissance économique du géant latino face aux autres pays émergents : l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud. Lula avait certes défendu les plus pauvres en s'appuyant sur les bons résultats de la lutte contre l'inflation, sur la hausse du salaire minimum et l'extension des programmes d'aide sociale à 11 millions de Brésiliens, mais l'écart avec les riches, les nouveaux surtout, n'a pas cessé de s'élargir. Dans les campagnes, les sans-terre exigent des parcelles alors que les latifundistes se défendent de transformer le Brésil en la ferme du monde, selon le schéma de la globalisation, ses rivaux, l'Inde et la Chine appelés à devenir respectivement l'ordinateur et l'usine de la terre. Lula va ainsi être confronté, lors de son nouveau mandat, au défi de la relance de la croissance du Brésil pour pouvoir continuer et développer sa politique sociale visant à effacer l'image d'un sous-continent affreusement contrasté. Il devra, cependant, relever le défi politique de mise en place d'alliances politiques plus solides que lors du mandat précédent tout en procédant à une profonde rénovation de son Parti des travailleurs. Au Parlement, la situation n'est pas jouée ; Lula devrait avoir une majorité à la Chambre des députés mais pas au Sénat. Sa marge de manœuvre est étroite : le Brésil est confronté à un problème grave de déficit public et le gouvernement va devoir opérer des coupes dans les dépenses de l'Etat après une année électorale de grosses dépenses. D. Bouatta