Le discours du roi Mohammed VI met en relief un triomphalisme désordonné qui cacherait mal le désarroi du palais royal à imposer, désormais, la marocanité du Sahara occidental au sein de la communauté internationale. Après avoir tergiversé dans l'application des résolutions onusiennes, le souverain marocain Mohammed VI tranche. S'il n'est plus question d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, le roi chérifien prévient d'un risque de “balkanisation” dans le Maghreb si jamais l'ancienne colonie espagnole accédait à l'indépendance. Alors que la presse marocaine s'en est prise récemment au gouvernement en l'accusant d'avoir échoué dans la campagne diplomatique en faveur de l'autonomie du Sahara occidental, le discours du roi Mohammed VI met en relief un triomphalisme désordonné qui cacherait mal le désarroi du palais royal à imposer, désormais, la marocanité du Sahara occidental au sein de la communauté internationale. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Le discours du roi reflète une théorie que l'on connaît déjà, et dont l'un de ses auteurs n'est autre que le professeur Aymeric Chopade dont les liens avec le palais royal ne sont plus à démontrer. En assimilant le Front Polisario à un mouvement terroriste, cet “ami” du Maroc évoque une déstabilisation de l'Afrique du nord en cas d'indépendance de la RASD. Cette thèse assumée désormais officiellement par Rabat s'inscrit dans ce qu'on pourrait appeler une stratégie du chaos ou de la terreur, et ce, dans le but de convaincre les nations unies des prétendus risques sur la stabilité du Maghreb que pourrait induire l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Mais dans les faits, la décision est déjà prise. Le dossier du Sahara occidental relève d'une question de décolonisation, et le plan de paix onusien ne fait que confirmer l'option référendaire. C'est donc une question de temps. Les discours radicaux adoptés aujourd'hui prouvent, au-delà de l'impasse dans laquelle se trouve le palais royal dans la gestion de ce conflit, une volonté de rassurer une opinion publique interne de plus en plus incertaine sur les capacités diplomatiques de son gouvernement à faire triompher ses thèses coloniales. K. A.