Résumé : Salah sermonne sa femme et la traite d'inconsciente. Elle riposte qu'il était bien plus inconscient qu'elle. Il essaye alors de l'amadouer. Salah va prendre un bain, se changer et repartir. Le programme était connu et il ne se gêne plus pour espacer de plus en plus ses visites à la maison. Quand il revient, c'est à peine s'il prend le temps de regarder sa femme. Pourtant, dans ses moments préludes à ses absences, il essaye d'être attentionné à sa manière. - Alors, ma chérie, tu ne veux pas me parler ? - Pour te dire quoi ? - Eh bien, tu peux toujours me raconter comment tu passes tes journées. - Mes journées je les passe entre les quatre murs du salon. - Pourquoi ne sors-tu donc pas ? - Pour aller où ? - Je ne sais pas, moi, chez ta coiffeuse, ton esthéticienne, faire du shopping, les vitrines… - Et tu appelles ça sortir ? - Oui. Mais enfin, que veux-tu faire au juste ? - Je m'ennuies, mon cher mari. Je m'ennuies au point où je ne sais plus s'il fait jour ou nuit. Tu sais ce que je veux faire, Salah ? Je veux travailler, me rendre utile, faire quelque chose dans ce monde. Salah boit une gorgée de café et lui jette un regard curieux. - Mais, tu n'as pas besoin de travailler, tu as tout ce qu'il te faut… - Oui, j'ai tout ce que je veux. Bien sûr mon mari est très riche, mais il se trouve qu'en dehors de son aisance financière, il n'est rien qu'un coureur de jupons. - Je ne te permets pas… - Tu ne me permets pas quoi, Salah ? De dire la vérité ? De te rappeler que je suis ta femme, que j'ai des droits sur toi, que je dois avoir ma part d'affection et d'amour auprès de toi ? Elle fait un geste circulaire de sa main. - Oui, tu m'offres une belle villa, un véhicule, de belles tenues, mais aussi (ses yeux s'embuèrent) une belle solitude. Je suis un objet dans cette vaste maison. Un objet dont tu disposes à ta guise et que tu malmènes car tu sais que je n'ai plus personne vers qui me tourner. Salah se lève et tente de la prendre dans ses bras. - Ma chérie, je… Elle le repousse. - Ne me touche pas. Va donc prendre ton bain et changer de vêtements, comme tu le fais chaque fois avant de repartir pour une autre “mission”. Ne pouvant soutenir le regard brûlant de sa femme, Salah baisse les yeux et dénoue sa cravate. Y. H. (À suivre)