Suprême contradiction, tandis que des bras se tendent pour tenter d'atténuer le malheur, d'autres brandissent l'instrument de mort. L'Algérie a fêté l'Achoura dans la même ambiance de morosité qui, depuis des années, accueille chez nous des événements naguère heureux et générateurs de liesse. Les raisons de cette indifférence sont, on s'en doute, liées à une situation globale peu réjouissante. L'Achoura, cette année, a donné lieu à des spectacles révélateurs de la grave détérioration des conditions matérielles d'un nombre de plus en plus important de familles. Si la solidarité sociale a trouvé à s'exprimer pour soulager quelque peu la misère qui a gagné en ampleur, la satisfaction qu'on en tire ne peut être que relative lorsqu'on constate que le nombre des nécessiteux est disproportionné à celui des donateurs. Le spectacle des théories de quémandeurs défilant des heures durant devant la main tendue de certains commerçants charitables est rien moins que désolant. Pendant ce temps-là, l'islamisme armé continue de se rappeler quotidiennement aux esprits par des actes sanglants que n'a même pas ralentis le caractère sacré d'une journée de l'année dédiée à la piété, à la compassion, à la générosité. Suprême contradiction, tandis que des bras se tendent pour tenter d'atténuer le malheur, d'autres brandissent l'instrument de mort. Pendant ce temps, aussi, la politique ne dételle pas, sur plusieurs fronts. Sauf que les actions enregistrées çà et là, qu'elles aient trait à la question irakienne, à la bonne gouvernance en Afrique et à l'amitié fraternelle entre l'Algérie et le Nigeria, ou encore à la configuration du prochain comité central de l'ancien parti unique, ces actions évacuent singulièrement ce qui devrait être la préoccupation majeure de tous ceux qui se trouvent au pouvoir comme de ceux qui aspirent à le prendre : l'amélioration des conditions de vie du citoyen algérien. M. A.