Le premier responsable de la compagnie nationale a néanmoins rassuré qu'il n'y aura pas de grosses coupures cet hiver. “Sonelgaz prend aujourd'hui sur sa propre trésorerie un montant qui avoisine 30 milliards de DA. Cette enveloppe est réinvestie dans divers projets contre des besoins en investissements qui se chiffrent à environ 120 milliards de DA/an.” C'est ce qu'a déclaré hier Nourdine Bouterfa, P-DG de la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz). Sur les 25 milliards de DA de créances que détient l'entreprise auprès des mauvais payeurs, près de 7,5 milliards de DA sont des abonnés ordinaires. Les administrations et le secteur économique doivent également chacun à la Sonelgaz près de 7 milliards de DA. Chacune des trois catégories doit ainsi un tiers du total des créances. “Les créances sur les administrations et le secteur économique sont estimées à un taux de 70%. Ce sont les plus mauvais payeurs”, indique M. Bouterfa. Pour le recouvrement de ces créances, la Sonelgaz a recouru aux échéanciers au profit du secteur économique. “Car la coupure est un geste anti-économique”, reconnaît le P-DG. “Nous préférons faire vivre une entreprise et récupérer notre dû moyennant un échéancier”, explique-t-il. La même solution est réservée aux administrations mais le processus reste, selon lui, très lent. Les clients domestiques qui ont des factures lourdes bénéficient en outre de cette mesure. “Nous essayons de tenir compte du pouvoir d'achat des citoyens, de leur capacité à payer les dettes, mais nous devons aussi récupérer notre argent”, précise-t-il. “En dernier ressort, nous n'avons pas d'autre alternative que la coupure”, avoue-t-il encore. Par ailleurs, les investissements à court terme, notamment en hiver où la consommation est importante et sur une partie de l'année 2007, c'est-à-dire pour les projets déjà engagés, la Sonelgaz a assuré leurs plans de financement. Le problème se posera en revanche pour les projets d'investissement prévus en 2008 et 2009 si les ressources financière ne sont pas réunies d'ici là. “Nous avons aussi des difficultés à rembourser les dettes contractées pour faire face aux investissements actuels”, souligne M. Bouterfa. Et d'ajouter : “La Sonelgaz risque d'être dans une situation très contraignante !” Intervenant sur les ondes de la radio Chaîne III, le premier responsable de Sonelgaz garde, toutefois, un bon espoir pour que les pouvoirs publics traitent correctement cette question dans les meilleurs délais. Pour rappel, l'entreprise a demandé une augmentation des tarifs de l'électricité, arrêtée entre 10 à 15%. Le dossier est soumis actuellement au gouvernement. La dette de l'entreprise, affirme-t-il, est évaluée à 110 milliards de DA. Elle est essentiellement interne. Elle est constituée à 80% en dinars algériens. L'invité de la radio estime que la consommation énergétique connaîtra une hausse de près de 7% par rapport à l'année dernière, soit près de 36 tétrawatt/heure en énergie et environ 6 500 mégawatts en puissance appelée. Interrogé sur d'éventuels délestages, notamment durant la période hivernale, si l'hiver s'annoncerait très froid, le P-DG reste optimiste : “Il n'y aura pas de grands délestages, sauf en cas d'incident. Mais ça sera conjoncturel sur des périodes très courtes qui peuvent concerner affecter quelques heures d'une journée. L'apparence montre que nous ne vivons pas une situation critique.” Il faut, argue-t-il, prendre en considération l'entrée en activité de la centrale de Berouaghia de 500 mégawatts, prévue pour le mois de janvier prochain. D'ici à la fin du mois en cours, des groupes qui étaient en entretien seront en outre opérationnels. Les travaux de génie civil de la centrale de Hadjret Enouss sont, selon lui, déjà lancés et le financement est bouclé. Elle sera réceptionnée, affirme-t-il, en septembre 2008, sauf imprévus. Le financement pour les projets déjà engagés sont disponibles, notamment la dorsale 400 kilovolts, les dispatchings national et régionaux. Notre souci concerne les années à venir, à savoir 2011. Pour l'électricité, il faut, selon lui, prévoir 5 années à l'avance. Pour financer ces projets, il n'y a pas d'autres voies, souligne-t-il, que de solliciter le concours des banques. “Nous venons de contracter un prêt de 54 milliards de DA auprès de la BNA à un taux très intéressant, conformément à la nouvelle loi de finances qui institue un taux de 3,25%/an”, dit à ce propos M. Bouterfa, tout en confirmant le recours aussi à l'emprunt obligataire pendant l'année 2007. Concernant le recours de Sonelgaz au nucléaire pour la production de l'électricité, le P-DG estime que cela ne sera possible que dans une vingtaine d'années. D'ici là, il est impératif, indique-t-il, de préparer le terrain en instaurant le cadre juridique et réglementaire, lancer des formations, dégager des sites et choisir enfin la technologie… Badreddine K.